Les soupçons d’escroquerie dans l'enquête sur les comptes de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017 ont conduit la justice à mettre en examen le député LFI Bastien Lachaud.
L'élu de Seine-Saint-Denis a été mis en examen le 22 septembre, mais l’information n’a été confirmée à l’Agence France-Presse que ce jeudi 4 novembre. Bastien Lachaud, 41 ans, est principalement poursuivi pour «prêt illicite de main-d’œuvre, faux, escroquerie et tentative d'escroquerie».
Salarié en tant que trésorier de «l'Ere du peuple», prestataire logistique au service du candidat Mélenchon, il aurait dû être, comme trois autres employés, dont la députée Mathilde Panot, rémunérés par la campagne du candidat ou le parti, estime le juge d'instruction.
Ils étaient en même temps membres de l'équipe de campagne. Une information judiciaire est ouverte au tribunal de Paris depuis novembre 2018 sur l'usage des fonds publics lors de la dernière campagne du chef de file des Insoumis.
Au printemps, l'association «l'Ere du peuple» et sa mandataire financière, Marie-Pierre Oprandi, ont été également mis en examen, mais uniquement pour «prêt illicite de main-d'œuvre».
Une différence de plus de 150.000 euros
Le juge d'instruction a placé l'association et sa mandataire financière, poursuivie aussi pour «usage de faux», sous le statut plus favorable de témoin assisté pour les principales infractions de cette enquête portant sur des soupçons d'«escroquerie aggravée, d'abus de confiance (ou de) financement illégal de campagne».
La Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) avait relevé une différence de 152.688 euros entre les salaires versés et les montants facturés au mandataire. Chargée de valider le remboursement des dépenses des candidats avec l'argent public, elle avait refusé de rembourser la marge réalisée par l'association, à but non lucratif, et avait signalé les faits à la justice.
«Mettre en examen un salarié d'une structure pour prêt illicite de main-d’œuvre, ce qui équivaut à dire que le salarié se serait lui-même prêté, c'est totalement absurde», a réagi l’avocat de Bastien Lachaud. «Le faux reproché n'est qu'un habillage de cette infraction qui n'existe pas», a-t-il ajouté, annonçant déposer prochainement une requête pour faire annuler les poursuites.
«L'Ere du peuple et le salarié n'ont fait qu'appliquer les dispositions du code électoral qui obligent les prestataires à pratiquer les prix du marché», a précisé l’avocat, qui défend également l'association.
Candidat à la présidentielle 2022, Jean-Luc Mélenchon conteste toute infraction dans cette enquête. Il fait de même dans la seconde information judiciaire qui le vise et qui est toujours en cours, concernant l'emploi de ses assistants quand il était eurodéputé.