Plus de deux semaines après que la municipalité a annoncé débloquer 20 millions d'euros pour les victimes de l'explosion de la rue de Trévise, celles-ci se demandent quand elles toucheront cette aide. Des élus montent au front, alors qu'un Comité local d'aide aux victimes (CLAV) doit être organisé ce jeudi 21 octobre.
«Quand faut saccager sa ville, elle travaille 96h par semaine. Mais quand après faut réparer, indemniser... elle est au chômage», écrit encore Inès aujourd'hui sur son compte Twitter, en parlant de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Depuis plusieurs semaines, cette rescapée de l'explosion de gaz survenue rue de Trévise le 12 janvier 2019 – qui a failli perdre ses jambes lors du drame – interpelle quotidiennement l'édile parisienne, pour réclamer l'indemnisation des victimes.
20 millions d'euros débloqués pour l'accord-cadre
Une indemnisation qui tarde à venir près de 3 ans après l'explosion, alors que l'enquête est loin d'être terminée. Mi-septembre néanmoins, la possibilité de mettre en place un accord-cadre d'indemnisation avait été validée par Frédérique Calandra, la déléguée interministérielle de l’aide aux victimes (DIAV). Lors d'une réunion publique, après un an de travail à ce sujet, elle avait en effet annoncé que cet accord-cadre pourrait bien être mis en place, sans attendre les résultats de l’enquête.
«Contrairement aux premières analyses de la Ville de Paris, il est possible qu’une collectivité participe à un accord-cadre sans que cela indique une reconnaissance préalable de culpabilité», avait-elle fait savoir. «Une étape attendue et décisive», s'était alors félicitée la maire du 9e arrondissement Delphine Bürkli. Dans la foulée, le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire avait annoncé début octobre débloquer 20 millions d'euros pour provisionner ce fonds.
Comme promis, la Ville participera à l'indemnisation des victimes, espérant que celle-ci sera effective «d'ici à la fin de l'année», et ce, «sans que cela présume de sa culpabilité», avait alors annoncé le cabinet d'Emmanuel Grégoire, expliquant que cette participation financière serait ensuite soumise au vote de l'ensemble des élus parisiens au Conseil de Paris du mois d'octobre.
La mairie de Paris ne signera pas seule
Sauf que le 13 octobre dernier, interrogé à ce sujet par Delphine Bürkli au Conseil de Paris, le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, n'a pas été en mesure de présenter ce dit accord-cadre, expliquant avoir «demandé la convocation d'un CLAV [Comité local d'aide aux victimes] ce jeudi 21 octobre» qui «aurait pour vocation d'organiser la validation de l'accord-cadre».
Et c'est tout le fond du problème, puisque si la municipalité parisienne a approuvé la mise en place de cet accord-cadre à la condition que celui-ci n'ait pas de valeur de reconnaissance de responsabilité, elle n'a jamais eu pour autant l'intention de le signer seule. De fait, la participation de la Ville de Paris à cet accord-cadre est «acquise» rappelle Emmanuel Grégoire, qui indique que celle «des autres parties», c'est-à-dire des assureurs et de GRDF, «est encore attendue».
Face aux accusations, le premier adjoint parisien s'est donc défendu de laisser traîner les choses. «Je vous confirme deux engagements : l'engagement de provisionner 20 millions d'euros pour abonder le fonds et celui de nous mettre en disposition collective pour que les fonds puissent commencer à être libérés avant la fin de l'année», a-t-il finalement conclu face aux élus parisiens.
Les élus parisiens s'en mêlent
Une conclusion qui n'a pas convaincu la maire du 7e arrondissement et présidente du groupe Changer Paris, Rachida Dati, qui a adressé un courrier à la maire de Paris Anne Hidalgo ce lundi 18 octobre à ce sujet. Mettant son grain de sel à l'affaire, l'élue de droite est en effet d'avis qu'il y avait «urgence à agir», pressant l'Etat et la municipalité parisienne à «mettre en place une structure pérenne de suivi des indemnisations qui implique assureurs, représentants des victimes ainsi que la mairie du 9e».
L'ancienne Garde des Sceaux réclame également «la mise en place d'un fonds d'aide sociale d'urgence», qui aurait «pour objet d'aider à la prise en charge des frais» et «d'apporter l'aide nécessaire afin d'adoucir la situation des victimes avant la fin de la procédure». Accusant la municipalité de ne pas «avoir été à la hauteur», Rachida Dati estime qu'«il appartient désormais à la Ville de Paris de faire en sorte de négocier avec l'ensemble des institutions concernées» et ce, «en vue d'une prise en charge rapide et à la hauteur du préjudice des victimes»