Les crises diplomatiques s’enchaînent pour la France, après des tensions avec les Etats-Unis, l’Australie, le Royaume-Uni, l’Algérie ou encore le Mali, ce sont les relations avec la Biélorussie qui se tendent. Retour sur les quatre grandes crises diplomatiques des derniers mois.
Les crises diplomatiques avec la Biélorussie
Le soutien de la France à la leader de l’opposition bélarusse, Svetlana Tikhanovskaïa, a mené à une nouvelle augmentation des tensions entre la France et le Bélarus (Biélorussie). L’ambassadeur de France au Bélarus a dû quitter le pays dimanche 17 octobre 2021, sur demande expresse des autorités. Un départ qui intervient au moment où Svetlana Tikhanovskaïa termine une visite de trois jours à Paris.
Minsk a justifié ce départ forcé par l’absence de présentation des lettres de créance de l’ambassadeur Nicolas de Bouillane de Lacoste auprès du gouvernement Bélarus. Une simple excuse de façade pour le porte-parole de la leader de l’opposition, Valery Kavaleuski, qui estime que «l’ambassadeur Nicolas de Lacoste a été forcé de quitter le Bélarus à partir du moment où la France a assumé le principe d’un Loukachenko illégitime».
En août 2020, la réélection contestée d’Alexandre Loukachenko à la tête du Bélarus a entraîné une vague de manifestations et une répression violente. Svetlana Tsikhanovskaïa et certains membres de l’opposition avaient alors dû fuir le pays pour éviter l’emprisonnement. En septembre 2020, Emmanuel Macron avait rencontré cette dernière en Lituanie.
Le président de la République française s’était alors engagé à prendre un rôle actif dans cette crise politique et avait invité Svetlana Tsikhanovskaïa à prononcer un discours devant le Parlement français. En mars 2021, Emmanuel Macron avait appelé à la «libération immédiate» des opposants après le détournement d’un avion par Minsk qui avait permis l’arrestation de deux opposants au régime de Loukachenko.
La crise des visas avec l’Algérie
Ce mois d’octobre 2021, ne sera pas marqué par une mais par deux crises diplomatiques. Outre les tensions avec la Biélorussie, la France doit faire face à une crise avec l’Algérie. En cause dans cette montée des tensions, la réduction du nombre de visas accordés par la France aux pays du Maghreb, parmi lesquels l’Algérie.
Annoncée le 28 septembre dernier, la réduction des visas pour les ressortissants en provenance d’Algérie, du Maroc et de Tunisie est de l’ordre de 50%. Une réduction drastique qui a fait réagir rapidement Alger, qui a convoqué dès le lendemain, l’ambassadeur de France à Alger, François Gouyette, pour notifier à la France «la protestation formelle du gouvernement algérien à la suite d'une décision unilatérale du gouvernement français».
La situation s’envenime le 2 octobre 2021, avec la publication dans le Monde, de la retranscription d’une rencontre entre Emmanuel Macron et des jeunes descendants d’acteur de la guerre d’Algérie. Le président de la République a sévèrement critiqué la politique d’Alger durant cet échange, estimant que le gouvernement algérien propageait un «discours qui repose sur une haine de la France».
Face à ces déclarations, Alger a rappelé son ambassadeur à Paris puis a annoncé la fermeture de son espace aérien pour les avions militaires français. Une décision qui perturbe légèrement l’organisation des vols ralliant la France à ses opérations militaires dans la bande sahélo-saharienne
Ces tensions n’ont pas empêché le président Emmanuel Macron de rendre hommage aux manifestants algériens tués lors de la manifestation du 17 octobre 1961. A l’occasion du soixantième anniversaire de cette journée, Emmanuel Macron a reconnu «des crimes inexcusables de la République».
La crise des sous-marins avec les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni
C’est une triple crise diplomatique que celle des sous-marins qui a opposé la France à trois de ses alliés, les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni. En septembre 2021, l’Australie a rompu son contrat avec la France au profit des Etats-Unis et du Royaume-Uni. L’Australie s’était engagée à acheter 12 sous-marins français pour un total de 56 milliards d’euros. Un contrat juteux qui avait été surnommé le contrat du siècle.
Face à ce retournement de situation soudain, la France a fait part de sa désapprobation en rappelant ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie. Une première historique. Le choix de ne pas rappeler son ambassadeur au Royaume-Uni pouvait s’expliquer par l’implication moindre du pays dans cette affaire. C’est un contrat américano-australien qui est venu remplacer le contrat conclu en 2016 avec la France.
Cette rupture de contrat avait alors été qualifiée par la France de «coup dans le dos» mais aussi de «rupture de confiance», alors que la France souhaitait accroître ses relations dans l’Indopacifique où se trouvent plusieurs territoires français (Mayotte, La Réunion, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française).
L’Union européenne a pris le parti de la France dans cette crise diplomatique. L’Union a fait le choix de reporter les négociations sur le possible accord de libre-échange avec l’Australie. Emmanuel Macron et Joe Biden ont pris la décision le 22 septembre 2021 de tout faire pour restaurer la confiance entre les deux pays. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a estimé le 15 octobre dernier que «l’incident avec Washington était clos».
La crise diplomatique avec le Mali
Entre la France et le Mali le ton monte, depuis l’annonce de la fin de la mission Barkhane au Mali par le président français. Une annonce qui a fait réagir le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, qui a estimé à la tribune des Nations unies le 26 septembre dernier que la France était coupable «d’un abandon en plein vol». Le gouvernement malien reproche à la France d’avoir pris cette décision de retrait de façon unilatérale, sans consultation, ni discussion préalable.
Emmanuel Macron a rapidement réagi aux propos de Choguel Kokalla Maïga estimant qu’il s’agissait d’une «honte». Pour faire face au départ partiel des troupes françaises, le gouvernement malien a annoncé qu’il allait entrer en collaboration avec la société privée de sécurité Wagner. Une décision choquante pour la ministre des Armées, Florence Parly, qui estime que si le Mali continue dans cette voie, alors le pays perdra le soutien de la communauté européenne.
Cependant, dans un entretien donné au Monde ce 18 octobre 2021, le Premier ministre Malien a réitéré ses propos du mois de septembre dernier : «Pendant qu’al-Qaida multiplie ses attaques, notre principal allié, en tout cas celui que nous croyions l’être, décide de quitter sa zone d’influence pour se concentrer sur les trois frontières. N’est-ce pas de l’abandon en plein vol ?» Les tensions restent donc fortes.
Dans ce même entretien, Choguel Kokalla Maïga a tenu à revenir sur les rumeurs d’accord avec Wagner : «Moi, je ne connais pas de Wagner. Ce sont des rumeurs, à ce stade-là. Le jour où nous conclurons des accords avec quelque pays que ce soit, nous les rendrons publics.»
L’opération Barkhane a débuté en 2014, à la fin de l’opération Serval entamée en 2013, qui visait à sécuriser Bamako après une offensive jihadiste que le Mali n’était pas parvenu à contrer. Depuis le début des opérations au Mali en 2013, ce sont 47 soldats français qui ont perdu la vie.