Six grossistes en textile d'origine chinoise ont été interpellés la semaine dernière à Aubervilliers, suspectés d'avoir pris part à un vaste réseau de blanchiment d'argent de la drogue.
Dans cette affaire, les enquêteurs de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), ont commencé début 2019 à s'intéresser à un «collecteur» d'origine chinoise vivant en région parisienne. Cet homme récupérait les recettes des ventes de cannabis de différents trafiquants pour les blanchir.
Sur les ordres d'un suspect établi au Maroc, sorte d'agent de change mêlé de banquier illégal qui tirait les ficelles de tout le circuit de blanchiment, le «collecteur» allait confier les espèces à des grossistes chinois en textile du Centre international France Asie (Cifa) d'Aubervilliers. A l'actif du fameux collecteur, pas moins de 180 collectes entre août 2018 et août 2019, soit une quasiment un jour sur deux. Au moment de son interpellation, les policiers ont saisi plus d'un million d'euros en espèces. Sur un an, les enquêteurs estiment qu'il a permis de blanchir plusieurs dizaines de millions d'euros.
180 collectes entre août 2018 et août 2019
Une fois récupéré cet argent, les grossistes en textile d'Aubervilliers s'en servaient pour se faire payer l'exportation des étoffes achetées par des commerçants de pays du Maghreb. Ce paiement occulte leur permettait d'éviter les taux de change et de s'affranchir des droits de douanes.
Au Maroc, le suspect faisant office de banquier et pierre angulaire du système de blanchiment, se chargeait de redonner aux trafiquants de stupéfiants leur argent blanchi. Cet individu n'a pas encore pu être identifié. En revanche, 6 gérants grossistes en textiles ont été interpellés le 27 septembre et mis en examen pour blanchiment de trafic de stupéfiant en bande organisée pour lequel ils risquent dix ans de prison. En perquisition, les enquêteurs ont saisi 247.000 euros en espèces et 530.000 euros sur des comptes bancaires.