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Autoroutes : tout comprendre au débat sur la renationalisation

Les autoroutes françaises ont été privatisées en 2006 par le gouvernement de Nicolas Sarkozy. [JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP]

A sept mois de la présidentielle, plusieurs candidats plaident pour la «nationalisation» des sociétés d'autoroutes, une proposition qualifiée de «populiste» et «démagogique» par le gouvernement.

Dénonçant «une véritable spoliation des Français», Marine Le Pen (RN) estime qu'une telle «nationalisation» permettrait de faire baisser de 10 à 15% le prix des péages et de livrer un milliard et demi d'euros supplémentaires par an au budget de l’Etat.

Cela «permettrait de mettre fin au vol organisé que constituent les péages», a abondé le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon.

La mesure serait même la «première décision» du candidat Arnaud Montebourg, qui veut rediriger les recettes vers des investissements écologiques. Tout comme le candidat à la primaire des écologistes Eric Piolle, pour qui «les infrastructures de réseau doivent être publiques».

Une proposition «bien populiste et bien démagogique», a répondu mardi le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari sur Franceinfo.

Récupérer les autoroutes gratuitement dans 10 ou 15 ans

«Les concessions autoroutières (...) arrivent à échéance dans dix ans. Les plus grosses en 2031 et la majorité en 2036, a ajouté le ministre. Il y aura un sujet effectivement de savoir ce qu'on fait après. Mais si on nationalise maintenant, par le droit des contrats, par l’Etat de droit, on devrait indemniser les sociétés d'autoroute à hauteur de 45 à 50 milliards.»

En 2014, un rapport d'information de l'Assemblée nationale évoquait le chiffre de 44 milliards.

«Alors que si on attend dix ou quinze ans, (...) on peut récupérer ces autoroutes pour zéro euro», a affirmé lundi Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, en réponse à la proposition de Marine Le Pen, dénonçant au passage le «désert des idées» de l'opposition.

Les 18 sociétés concessionnaires d'autoroutes en France (APRR, Cofiroute...), chargées de les gérer, les entretenir et les moderniser via des contrats à durée déterminée, sont régulièrement accusées d'engranger des profits massifs depuis la «privatisation» du réseau, tout en augmentant chaque année les tarifs aux péages.

POUVOIR D'ACHAT

Ces derniers avaient d'ailleurs été des lieux de revendication sociale autour du pouvoir d'achat en 2018, lors du mouvement des gilets jaunes.

Leur privatisation avait été réalisée en 2006 pour dégager des fonds et éponger de la dette par le gouvernement de Dominique de Villepin. Celui-ci a toujours défendu «une bonne affaire», pourtant très décriée par la suite pour avoir privé l’Etat de recettes.

En 2019, les sociétés avaient versé 3,1 milliards d'euros de dividendes à leurs actionnaires et réalisé un chiffre d'affaires de 10,6 milliards, selon un rapport de l'Autorité des transports. Elles ont aussi versé 50 milliards d'euros d'impôts et investi 20 milliards dans le réseau entre 2006 et 2018, rappelle le ministère des Transports.

En 2014, un rapport de l'Autorité de la concurrence faisait état de la «rente» des sociétés autoroutières depuis la privatisation.

La ministre Ségolène Royal avait tenté, sans succès, de geler les tarifs aux péages, et 152 députés socialistes avaient demandé au gouvernement Valls le rachat des concessions d'autoroutes.

François Morin, ancien conseiller à Matignon, préconise la codétermination, y compris pour les autoroutes : un partage paritaire de la gouvernance de l'entreprise entre citoyens et actionnaires. Un principe par ailleurs défendu par Arnaud Montebourg dans son discours de candidature.

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