Des démangeaisons mystérieuses. Depuis le retour des beaux jours, des dizaines de personnes, résidant essentiellement dans l’Aube et la Marne, ont attrapé d’étranges boutons dont l’origine demeure inconnue.
A première vue, on pourrait croire qu’il s’agit de piqures de moustiques, des insectes qui font leur grand retour l’été. Mais il n’en est rien, l’usage des produits répulsifs n’empêchant pas l’apparition de ces boutons, rapporte France 3. Sans compter que les démangeaisons qu’elles occasionnent disparaissent généralement au bout de deux ou trois jours.
Or, les personnes qui ont été piquées se grattent parfois durant plus d’une semaine. Heureusement, il semblerait que ces boutons, dont la taille peut être assez impressionnante, ne provoquent aucun symptôme grave. Mais leur présence n’en reste pas moins inquiétante.
morsure d'araignée ? chenilles ? simulies?
Au milieu du bouton, on peut voir «un petit trou» qui se met à saigner, puis sur lequel se forme une croûte, a expliqué auprès du média une jeune retraitée qui réside à Champillon, dans la Marne. «Quand mes enfants ont eu la varicelle, en cicatrisant, ça leur a fait ce genre de petits boutons», se souvient l’habitante, qui a d'abord pensé à une morsure d'araignée.
Mais là encore, cette hypothèse n’a pas été confirmée. Non seulement la forme des boutons ne correspond pas, mais en plus, la porteuse en a eu partout sur le corps. Environ «six ou sept sur le cou, à peu près autant sur chaque bras, sur l’abdomen, à l’arrière des cuisses…». Depuis, a-t-elle poursuivi, «ça ne se passe pas, ça démange très fort.»
D’autres personnes ont pensé à des piqûres de punaises de lits. De son côté, un pharmacien de l'Aube, qui a vu passer des dizaines de cas, a indiqué que cela fait plusieurs années que des habitants sont victimes de ces piqûres. «Dès le retour de la chaleur, on a ça, a-t-il affirmé. Et ça fait trois ou quatre ans».
«je pense qu’il faut alerter»
Le professionnel pense qu’il pourrait s’agit de piqures de simulies, des petites mouches noires aux ailes larges, «mais je n’ai pas de certitude», a-t-il prudemment précisé. «Je ne suis pas un spécialiste et je ne parle pas pour la profession des pharmaciens, ce ne sont que mes observations au comptoir, mais je pense qu’il faut alerter».
L'agence régionale de santé (ARS) pense quant à elle que ce sont les chenilles processionnaires du chêne, ou bien des aoutats, qui sont à l'origine de ce fléau. Mais «ici, on n’a pas de chênes», a rappelé le pharmacien aubois, soulignant qu’«on a ces piqûres même dans des zones qui ne sont pas boisées, périphériques.»
De plus, les chenilles processionnaires ne provoquent pas ce type de réactions cutanées. Quant aux aoutats, «ça pique plutôt dans les plis de la peau. Alors qu’ici, toutes les parties du corps exposées sont touchées», a-t-il ajouté.
Qui est donc le coupable ? Pour le spécialiste des insectes Christophe Brua, sollicitée par France 3 Champagne-Ardenne et œuvrant à la Société Alsacienne d'Entomologie, l’autre piste pourrait être les poils de chenilles processionnaires du pin.
Une origine multi-factorielle ?
«La processionnaire du pin est plutôt présente dans la région méditerranéenne. Chez nous, il y a la processionnaire du chêne. Leurs poils peuvent voler dans le vent, ça peut être très urticant et le rester longtemps».
Mais pour en être certain, une étude sur leur expansion est nécessaire. L’expert estime également que l’origine pourrait être «multi-factorielle». Les chenilles et les simulies pourraient être impliqués, ce qui «brouillerait le diagnostic».