Pour les parlementaires, la question d'autoriser ou non le port du burkini dans les piscines est source de désaccords. Or, l'opinion publique, semble, elle, s'être déjà fait un avis. D'après un sondage réalisé par l'institut CSA pour CNEWS et dévoilé ce jeudi 24 juin, sept Français sur dix se prononcent ainsi en faveur de l'interdiction de cette tenue controversée.
Cette enquête, réalisée par questionnaire auto-administré en ligne, du 22 au 23 juin, a mobilisé un échantillon national représentatif de 1.000 Français. Parmi eux, ceux qui optent pour l'interdiction du burkini s'alignent avec la position du Sénat, dominé par l'opposition de droite, qui avait choisi de durcir le projet de loi «confortant le respect des principes de la République et de lutte contre le séparatisme». Ses membres avaient ainsi ajouté un amendement «anti-burkini», qui a depuis été supprimé par l'Assemblée nationale.
Plus précisément, 73% des personnes interrogées lors de ce sondage sont pour l'interdiction du burkini à la piscine, défini ici comme une «tenue de baignade couvrant entièrement le corps, excepté les pieds, les mains et le visage». 26% estiment qu'il convient de l'autoriser dans les piscines et 1% seulement des répondants ne se prononcent pas sur la question.
Les résultats détaillés du sondage montrent que, dans cet échantillon, les femmes sont un peu plus nombreuses que les hommes à se prononcer en faveur de l'autorisation du burkini (respectivement 31% contre 21%). Par ailleurs, la tendance à s'opposer à cette tenue semble croître avec l'âge des interrogés : les «contre» représentent 88% des 65 ans et +, contre seulement 32% des 18-24 ans.
des avis plus tranchés à droite
Au sein de cette dernière classe d'âge, ceux en faveur de l'autorisation du burkini dans les piscines sont donc majoritaires (67%). Le rapport s'inverse néanmoins dès la classe d'âge suivante et l'écart continue de se creuser par la suite : 37% de pour et 61% de contre chez les 25-34 ans, respectivement 28% et 71% du côté des 35-49 ans, tandis que les 50-64 ans sont pour à 15% et contre à 84%. La part des personnes ne se prononçant pas ne dépasse jamais 2%.
La catégorie socio-professionnelle des interrogés n'est en revanche pas déterminante sur ce sujet puisque le rapport est sensiblement le même à chaque fois. Plus de 70% des répondants optent pour l'interdiction du burkini, qu'ils soient CSP+, CSP- ou inactifs.
Si l'on s'attache aux couleurs politiques de l'échantillon, la question est, sans surprise, plus discutée à gauche (39% pour l'autorisation du burkini, 60% contre) qu'à droite (12% pour, 86% contre), même si l'opposition l'emporte des deux côtés. Au centre, les interrogés qui soutiennent la République en marche se montrent très tranchés, avec 83% de réponses pour l'interdiction de cette tenue dans les piscines.
Ces chiffres ne reflètent pas tout à fait la situation politique à l'échelle nationale puisque l'amendement anti-burkini, rédigé par la droite sénatoriale, a été supprimé par l'effort conjoint des élus du Parti socialiste (PS) et de ceux de la majorité présidentielle. Le 1er juin dernier, ils ont fait voter un autre amendement, venu remplacer le premier qui était jugé anticonstitutionnel à gauche.