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Régionales : quel bilan du premier tour parti par parti?

Le score aux régionales du parti d Emmanuel Macron confirme la faible implantation locale de LREM. [AFP]

Lors d’un scrutin marqué une forte abstention des Français (autour de 68%), le premier tour des régionales a livré des enseignements aux partis, avant un second tour où la participation peut encore tout changer.

Le premier tour a été marqué par la résistance du duo gauche-droite, la première dépassant 34% des suffrages et la seconde frisant 29%. Les deux grands partis traditionnels bénéficient à plein de la «prime aux sortants», qui ont été à la manœuvre lors de la crise sanitaire. Cela permet à la droite d'espérer pouvoir conserver ses sept régions et la gauche ses cinq en France métropolitaine.

Jusqu’à ce mardi (18 heures) les partis vont discuter pour négocier des alliances, fusions ou retraits de listes pour le second tour.

Rassemblement national

Pour le parti de Marine Le Pen, que les sondages annonçaient en tête dans plusieurs régions, la désillusion est sévère: le Rassemblement national perd neuf points par rapport à 2015. Reconnaissant que ses électeurs ne s'étaient «pas déplacés», la candidate à la présidentielle de 2022 a appelé «au sursaut» pour le second tour.

En Paca, le suspense reste de mise. La liste RN de Thierry Mariani (36,38%) arrive devant le sortant LR Renaud Muselier (31,91%).

Gagner une région puis la gérer, comme l'espère encore le RN en Provence-Alpes Côte d'Azur, seule région où il est arrivé en tête (contre 6 régions en 2015), montrerait la capacité de la candidate à la présidentielle à gouverner.

LREM

Également en retrait, les candidats de la majorité présidentielle ne totalisent que 11,5% des suffrages selon Ipsos, un score qui confirme la faible implantation locale de LREM. Malgré la mobilisation de cinq ministres, dont Éric Dupond-Moretti, la macronie est éliminée dès le premier tour dans les Hauts-de-France, où Xavier Bertrand (ex-LR) est en très bonne posture pour conserver la région, un succès dont il compte faire une rampe de lancement pour 2022.

Le parti présidentiel peut se consoler à la vue des résultats en Guadeloupe. Le président sortant, Ary Chalus (LREM), a raté de peu une réélection dès le 1er tour, en remportant 49,31% des votes.

Les Républicains

La droite peut se réjouir de voir sortir en tête Jean Rottner (31,15%) dans le Grand Est, Christelle Morançais (34,29%) dans les Pays de la Loire et Hervé Morin (36,86%) en Normandie.

Même scénario pour le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR), avec un score de 43,79%, soit près de 30 points de plus que l'écologiste Fabienne Grebert (14,45%), et plus de trente que le candidat du RN Andréa Kotarac (12,33%).

Les Républicains ont également tiré leur épingle du jeu à Mayotte, où les élections départementales ont connu, malgré le contexte sanitaire, une forte participation à près de 64%.

LR qui présentait des binômes dans neuf cantons sur 13 est parvenu à se qualifier pour le second tour dans sept cantons, notamment à Sada où le député Mansour Kamardine, qui vise la présidence du département, est arrivé en tête du 1er tour. Il fera face dimanche prochain à un binôme proche du sénateur LREM Thani Mohamed Soilihi.

Candidate potentielle en 2022, Valérie Pécresse (ex-LR) arrive largement en tête en Ile-de-France, avec 35,94%, mais reste sous la menace d'une hypothétique union des candidats de gauche (Julien Bayou, Clémentine Autain, Audrey Pulvar) qui va focaliser l'attention dans les prochaines heures.

EELV

En Île-de-France, «il y a une union qui est en cours. Le rassemblement se fait», a indiqué lundi matin l'écologiste d'EELV Julien Bayou, arrivé en tête parmi les trois candidats de gauche et qui doit conduire la liste d'union face à Valérie Pécresse.

La donne est différente et un conflit couve pour le représentant d’EELV en PACA. Arrivé troisième lors du premier tour, Jean-Laurent Felizia (EELV/PS/PCF) (16,89%) a dit vouloir se maintenir au second, amenant dans la nuit le bureau exécutif d'EELV à lui retirer son soutien pour faire barrage au RN.

La gauche

A gauche, les sortants prennent également une option, comme Carole Delga (PS/PCF) en Occitanie (39,67%) ou Alain Rousset (PS) en Nouvelle-Aquitaine (28,84%), tandis qu'en Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay (PS) parvient à devancer le RN Julien Odoul (26,52% contre 23,19%).

Le jeu est très ouvert en Bretagne, où le socialiste Loïg Chesnais-Girard arrive en tête (20,95%), et dans le Centre-Val-de-Loire, où François Bonneau (PS, 24,81%) devra négocier serré avec le candidat EELV/LFI Charles Fournier (10,85%) pour conserver sa région.

En Guyane, le président sortant de la collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre (DVG), est arrivé largement en tête du premier tour des élections avec 43,72% des suffrages exprimés, mais sans obtenir la victoire qu'il espérait dès cette première échéance.

Du côté de la Martinique, la liste conduite par le député Serge Letchimy (DVG) est arrivée en tête au 1er tour du scrutin territorial en Martinique avec 31,66% des suffrages devant celle du président sortant, l'indépendantiste Alfred Marie Jeanne, qui a obtenu 25,80%.

Le «bloc social et écologique» peut remporter au moins sept régions dimanche, a estimé le premier secrétaire du PS Olivier Faure lundi sur RTL.

«Je pense que nous pouvons gagner sept régions dimanche prochain, cinq régions déjà détenues par la gauche (où les présidents PS sortants sont tous en tête, NDLR) et deux régions, Pays de la Loire et Ile-de-France, où nous pouvons l'emporter», a-t-il affirmé. Dans ces deux dernières régions, ce sont les candidats écologistes qui sont arrivés en tête de la gauche, et vont donc mener la liste d'union.

Pour Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et candidat de son parti à la présidentielle, le score des listes de gauche aux régionales «s'inscrit dans la suite de ce que nous venons de faire dans les grandes villes de France aux municipales».

«Ce n'est pas une surprise que la gauche aujourd'hui fasse plus que résister, elle est en passe de l'emporter», a-t-il insisté sur Cnews, et «peut-être même dans deux régions, l'Ile-de-France et les Pays de la Loire». «Donc nous sommes, oui, en conquête. C'est ça le nouvel espoir à l'issue des régionales», a-t-il insisté.

La droite

Enfin, en Corse, le président sortant de l'exécutif corse, l'autonomiste Gilles Simeoni (29,19%), devra faire le plein des voix nationalistes pour battre la liste de droite menée par le maire d'Ajaccio, ancien LR, Laurent Marcangeli (24,86%).

A la Réunion, le divers droite Didier Robert, président sortant de la région Réunion, a terminé en tête du premier tour des régionales avec 31,10% des suffrages. Condamné le 21 mai dernier à 15 mois de prison avec sursis et à trois ans d'inéligibilité dans une affaire de prise illégale d'intérêt, il a fait appel, ce qui lui a permis de mener cette campagne.

Après ce premier tour des régionales, «il ne faut pas tirer de leçons pour la présidentielle», a affirmé le politologue Gérard Grunberg, pour qui «ces régionales sont la réplique des municipales», avec pour l'essentiel «une prime aux sortants».

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