Abstention record, prime aux sortants, douche froide pour LREM, électeurs du RN moins mobilisés qu'attendu... le premier tour des élections régionales de ce dimanche 20 juin fournit plusieurs enseignements, lesquels sont abondamment commentés ce lundi.
Au terme d'une campagne quelque peu passée au second plan derrière la crise sanitaire, les résultats des urnes ont en effet souvent déjoué les sondages. Un constat indéniable duquel découle au moins trois leçons.
Une abstention abyssale
Premier enseignement de ce premier tour des régionales 2021, le décalage observé entre les études d'opinion et le verdict des urnes trouve logiquement son origine dans une abstention très forte, jamais vue auparavant.
Au niveau national, ces élections ont en effet été boudées par 66,1% du corps électoral, selon la plupart des instituts de sondage. Ce chiffre constitue un record dans l'histoire de la Ve République, loin devant le précédent établi lors des élections européennes de 2009 (59,4%).
D'une manière générale, c'est dans la région Grand Est que le vide s'est le plus fait sentir, avec 70,8% d'absents. En 2015, à l'issue du premier tour des régionales, l'abstention nationale avait été de 50,1%.
Des sortants en tête dans leur région
Autre précepte indiscutable de ce scrutin, une large prime a été donnée ce dimanche aux sortants à gauche et surtout à droite. Les sortants Xavier Bertrand (LR ; Hauts-de-France), Valérie Pécresse (LR ; Ile-de-France) et Carole Delga (PS ; Occitanie) sont ainsi chacun arrivés en tête dans leur Région.
En Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR-UDI) a littéralement survolé ses adversaires, raflant quelque 49,79 % des voix, selon l'institut de sondages OpinionWay. Le président sortant de la Région devance de très loin la liste EELV-Génération.S conduite par Fabienne Grébert (14,45 %), la liste RN d'Andréa Kotarac (12,33 %) et la liste PS de Najat Vallaud-Belkacem (11,4 %).
La notoriété des présidents en place a vraisemblablement joué en leur faveur, lorsque la crise sanitaire n'a pas permis aux autres candidats de faire campagne de façon optimale et donc de se faire connaître auprès des électeurs.
Le RN à la peine, une tôle pour LREM
Donné en tête dans six régions semaine après semaine selon les sondages, le Rassemblement national n'a finalement réussi à faire mouche qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans cette région du sud-est, le candidat Thierry Mariani (36,38 %) devance le président sortant LR Renaud Muselier (31,91 %) d'après OpinionWay.
«Nos électeurs ne se sont pas déplacés, j’appelle au sursaut», a reconnu Marine Le Pen, la dirigeante du parti, lorsqu'une certaine panique semblait, dimanche soir, s'emparer des candidats qualifiés pour le second tour de dimanche prochain, interpellant avec vigueur les électeurs RN qui ne se sont pas déplacés. «Je vous demande de vous bouger !», s’est notamment exclamé Sébastien Chenu, très largement devancé par Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France. «Réveillez-vous !», a de son côté lancé son collègue Julien Odoul, arrivé deuxième en Bourgogne-Franche-Comté.
Du côté de la majorité présidentielle, l'heure n'était pas non plus à la fête. Car si La République en Marche n'attendait pas grand-chose de ces élections régionales, les résultats sont plus sévères qu'imaginés. A moins d'un an de l'élection présidentielle, elle ne devrait remporter aucune région. Au niveau national, le parti enregistre un score d'environ 10% seulement. Une débâcle.