En déplacement dans la Drôme, afin de poursuivre son «Tour de France des régions», le président Emmanuel Macron a été giflé par un homme mardi. Jugé en comparution immédiate ce jeudi 10 juin, l'auteur du coup a été condamné à quatre mois de prison ferme et quatorze avec sursis, avec mandat de dépôt immédiat.
Déclaré coupable des faits qui lui étaient reprochés, Damien T. va être directement incarcéré. Sa peine d'emprisonnement est assortie d'un sursis probatoire de deux ans. Pendant ces deux années, il aura obligation de recevoir des soins psychologiques et de travailler ou de suivre une formation, et ne devra commettre aucune nouvelle infraction.
Le Drômois de 28 ans, qui était jusque-là inconnu des services de police et de justice, est par ailleurs interdit de détenir une arme pendant cinq ans, interdit à vie d'exercer une fonction publique et privé de ses droits civils, civiques et de famille pendant trois ans.
Jugeant ce geste «parfaitement inadmissible» et le qualifiant d' «acte de violence délibérée», le procureur de la République de Valence, Alex Perrin, avait réclamé 18 mois de prison ferme contre le jeune homme, ainsi qu'une interdiction définitive d’exercer une fonction publique, une interdiction du droit de vote pour cinq ans, une interdiction de détention d'armes pour la même durée et un mandat de dépôt.
A la barre, l'auteur présumé de la gifle a tenté de donner des raisons à l'agression commise à l'encontre du chef de l'Etat. Admettant avoir eu une réaction «impulsive», il a expliqué avoir été «rempli de dégoût» lorsqu'il a vu Emmanuel Macron s'approcher de la foule où il se situait, qualifiant son visage de «souriant et menteur».
«Macron représente la déchéance de notre pays», a-t-il lancé, expliquant s'être senti «investi par exemple par les Gilets jaunes et par le peuple français en général». Interrogé sur ses convictions politiques, le prévenu a refusé de se classer à droite, préférant se dire «patriote».
«Faire quelque chose de marquant»
Damien T. a confié qu'il envisageait depuis le week-end dernier de «faire quelque chose de marquant» à l'occasion de la venue d'Emmanuel Macron à Tain l'Hermitage, mais pas une gifle. Plutôt «lui lancer un oeuf ou une tarte à la crème».
Il risquait initialement jusqu'à trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende. Soit la peine inscrite dans le Code pénal en ce qui concerne «les violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ayant entraîné aucune incapacité de travail» sur une personne dépositaire de l’autorité publique.
Il a finalement été condamné à une peine largement inférieure, mais qui reste plus importante que celle dont avait écopé un jeune homme en 2017 pour avoir giflé le Premier ministre Manuel Valls. Il avait été condamné à trois mois de prison avec sursis et 105 heures de travail d’intérêt général. L'individu, qui avait crié «Ici, c’est la Bretagne», avait expliqué son geste par son opposition à Manuel Valls, du fait de la loi travail ou le recours au 49.3.
Deux hommes interpellés
Concernant l'agression d'Emmanuel Macron, dans la vidéo de l'incident relayée sur les réseaux sociaux, juste avant la gifle infligée au président, on entend le cri de ralliement royaliste «Montjoie, Saint-Denis !», ainsi que «A bas la Macronie».
Damien T. n'est du reste pas le seul individu à avoir été interpellé puisqu'un autre homme du même âge a lui aussi été arrêté, a indiqué le parquet. Lui aussi originaire du département de la Drôme, ce dernier, chez qui des armes à feu et un exemplaire de Mein Kampf ont été retrouvés, sera convoqué ultérieurement par la justice pour «armes détenues illégalement».