Un chiffre qui montre l'étendue des dégâts. En 30 ans, les populations d'oiseaux dans les milieux agricoles ont baissé de 29,5% contre 27,6% dans les villes.
Ce constat, réalisé par le Muséum national d'histoire naturelle, l'Office français de la biodiversité et la Ligue pour la protection des oiseaux a été dévoilé par Le Monde ce 31 mai. Les scientifiques assurent que ce phénomène n'est pas nouveau, mais qu'en l'absence d'action, la situation n'a fait que se dégrader.
«On voit chaque année que les populations d'oiseaux spécialistes, c'est-à-dire qui se débrouillent bien dans un type d'habitat particulier, s'effondrent. C'est désolant de se dire que les alertes ou les mesures qui ont été prises ne suffisent pas», se lamente Benoît Fontaine, coordinateur du programme Suivi temporel des oiseaux communs, dans les colonnes du quotidien français.
Plusieurs espèces ont été particulièrement touchées d'après les scientifiques. Est par exemple cité le cas du pipit farlouse, un oiseau des champs qui a perdu deux tiers de ses effectifs sur la période. Comme l'explique Le Monde : « sur 123 espèces parmi les plus communes en France, 43 étaient en déclin en 2019».
Sauver les oiseaux reste possible
Cela devrait conduire à un appauvrissement de la biodiversité aussi bien dans les champs que dans les villes, avec la propagation d'autres espèces comme les pigeons ramiers. L'une des explications à ces baisses provient de l'agriculture intensive, d'après des études citées par les scientifiques.
Benoît Fontaine assure également que les pesticides, «et notamment les néonicotinoïdes» jouent également un rôle principal. Pour rappel, ce produit, qui vise à protéger des plantations, comme celles produisant de la betterave, avait été au coeur d'une polémique il y a plusieurs mois. Interdits depuis 2018, ils avaient finalement été réintroduit contre l'avis des militants écologistes. Ces derniers dénonçaient les conséquences sur les populations d'abeilles.
«Ce n'est plus au niveau individuel que les choses se jouent. On parle d'un problème systémique, il faut que des politiques publiques ambitieuses soient mises en oeuvre», déclare Caroline Moussy au quotidien. Les trois organismes à l'origine de l'étude mettent en avant plusieurs revendications pour permettre à la situation de s'améliorer : «l'arrêt de l'utilisation massive et déraisonnée des pesticides, un soutien efficace à l'agro-écologie, une réduction de l'artificialisation des sols (...), un soutien à la stratégie nationale des aires protégées».