Des élections départementales, une candidate voilée, et une photo officielle. Il n'en fallait pas plus pour relancer l'éternel débat sur la laïcité.
Ce 10 mai, Sara Zemmahi a créé la polémique en posant avec un voile sur une affiche de campagne. La candidate remplaçante La République en marche (LREM) aux élections départementales du canton de Montpellier 1 s'est aussitôt attirée les foudres de la droite, de l'extrême-droite... Et de LREM.
Le délégué général du parti, Stanislas Guerini, est monté au créneau sur Twitter : «Les valeurs portées par LREM ne sont pas compatibles avec le port ostentatoire de signes religieux sur un document de campagne électorale», a-t-il répondu à un tweet du vice-président du Rassemblement National, Jordan Bardella. «Soit ces candidats changent leur photo, soit LREM leur retirera son soutien.»
Les valeurs portées par LREM ne sont pas compatibles avec le port ostentatoire de signes religieux sur un document de campagne électorale. Soit ces candidats changent leur photo, soit LREM leur retirera leur soutien. https://t.co/7jBY4sGH2j
— Stanislas Guerini (@StanGuerini) May 10, 2021
L'avertissement de Stanislas Guerini a été relayé par Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté. Mais plusieurs députés LREM se sont pas de cet avis.
Une «discrimination»
Aucun texte de loi n'interdit en effet le port de signes religieux aux élus ou aux candidats. «Ecarter cette candidate serait une discrimination», estime donc l'avocate et députée LREM du Val d'Oise Naïma Moutchou. «Le mépris du droit, c'est l'agenda du RN. Pas le nôtre.»
Écarter cette candidate serait une discrimination. La loi protège les convictions religieuses et la liberté de les afficher en campagne électorale. La jurisprudence est tout aussi claire. Puis les électeurs décident.
Le mépris du droit, c’est l’agenda du RN. Pas le nôtre. https://t.co/0rd41P7aiO— Naïma Moutchou (@NaimaMoutchou) May 10, 2021
«La loi, rien que la loi !», renchérit sur Twitter Stella Dupont, députée LREM de Maine-et-Loire. «Le port du voile n'est pas interdit aux candidats aux élections françaises. C'est le choix de chacun : candidats et électeurs.»
Effectivement, au contraire des fonctionnaires, les élus et candidats aux élections ne sont pas soumis au devoir de neutralité. Ils peuvent donc porter des signes religieux (sauf à l'Assemblée nationale, qui constitue une exception).
Sara Zemmahi est donc en droit de faire campagne avec un voile. La justice avait d'ailleurs déjà tranché sur une affaire similaire en 2010 : le Conseil d'Etat avait été saisi pour annuler la validation d'une liste du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) où figurait une femme voilée pour les élections régionales. Il avait rejeté la requête.
Pour l'instant, ni Sara Zemmahi, ni les autres candidats présents sur l'affiche électorale n'ont réagi.