Installées sur les places de stationnement et parfois sur les trottoirs voire même directement sur la chaussée, les terrasses éphémères – autorisées par la municipalité parisienne pour soutenir les commerces, bars et restaurants – pourraient rester plus longtemps que prévu.
Impossible de passer à côté tant elles ont été le symbole de la vie qui reprend après plusieurs semaines confinées, les terrasses éphémères avaient été l'une des solutions mises en place par la municipalité parisienne lors du premier déconfinement de mai 2020 pour aider les commerces, les bars et les restaurants à aménager de nouveaux espaces, permettant de respecter au mieux les gestes barrières.
Une mesure prolongée cet été ?
Cette mesure «coup de pouce» – qui devait prendre fin au mois de juin 2021 – pourrait finalement être, non pas pérennisée pour toujours, mais prolongée dans le temps. Selon la municipalité parisienne, des discussions seraient en effet en cours avec différents représentants de la profession ainsi qu'avec des associations de riverains en vue du maintien et de l'amélioration de ce dispositif, qui avait à peine servi quelques mois entre les mois de mai et d'octobre 2020.
«Les discussions et une consultation citoyenne ont été lancées hier [mardi 20 avril, ndlr]», confirme l'Hôtel de Ville, qui explique travailler à la mise de jour de la Règlementation des terrasses (RET), avant d'annoncer – «d'ici à la fin du mois de mai» – l'éventuel prolongement du dispositif jusqu'à la fin de l'année 2021.
Une bonne nouvelle pour la profession et pour tous ceux qui attendent impatiemment l'autorisation de l'Etat pour s'installer à nouveau en terrasse. Pour Frank Delvau, le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) Ile-de-France, les terrasses éphémères sont une «bonne solution», qui a permis à ceux qui n'avaient pas de terrasse ou des petites terrasses d'accueillir plus de monde et donc de faire plus de chiffres.
«C'est dans l'ADN de Paris de prendre son café en terrasse», souligne-t-il, ajoutant qu'en plus, cette mesure s'inscrit pleinement «dans le plan d'Anne Hidalgo de réduire la place laissée aux voitures». «Aujourd'hui, il y a plus de 9.000 terrasses éphémères, soit autant de places de stationnement récupérées», s'est-il réjoui.
Pour autant, pas question d'y laisser les maigres économies des professionnels du secteur. Frank Delvau réclame la prolongation de la gratuité des terrasses éphémères jusqu'à la fin de l'année 2021. Pour l'instant, cette gratuité avait été votée par les élus parisiens jusqu'au 30 juin. «Il faut que la gratuité perdure», explique-t-il, appuyant sur le fait que les bars et les restaurants ont été durement touchés par la crise sanitaire.
Un dispositif à revoir ?
Cette annonce – qui n'a pour l'instant rien d'officiel – ne semble pas plaire à tout le monde pour autant, tant les terrasses éphémères avaient suscité la controverse. Installation sommaire et grossièrement réalisée, privatisation de la voie publique ou encore augmentation du bruit ambiant... Beaucoup de Parisiens s'étaient plaints du manque de contrôles exercés sur ces nouveaux espaces de vie collectifs.
Parmi les mécontents, Rachida Dati, la maire du 7e arrondissement de Paris et farouche opposante à la majorité d'Anne Hidalgo, a immédiatement réagi ce mercredi, évoquant le problème des nuisances sonores. «A l’automne, la Mairie de Paris n’a effectué aucun contrôle des terrasses éphémères rendant les nuits cauchemardesques pour les riverains», a-t-elle ainsi fustigé, soulignant qu'on ne «pouvait pas sacrifier le sommeil des Parisiens».
Pour dénoncer le déploiement anarchique de ces terrasses, le collectif Réseau Vivre Paris – représentant une vingtaine d'associations de quartier – avait même décidé en décembre d'assigner la mairie en justice, l'accusant d'avoir laissé à l'abandon des centaines de terrasses. Selon leurs chiffres, sur les 9.581 terrasses éphémères déclarées, 43 % occupent des trottoirs normalement réservés aux piétons, alors que les bars et restaurants ne représentent que 25 % des commerces parisiens.
Aujourd'hui, le collectif se positionne contre la pérennisation de ces terrasses, dénoncant le manque de contrôles et ce, alors même que l'adhésion à charte de bonne conduite de la municipalité – que tous les commerces s'étaient engagés à placarder à l'entrée de leurs établissements – avait été rendue obligatoire. «La mairie de Paris a été incapable l’été dernier de faire respecter ces chartes, pourtant fort peu contraignantes, et cet hiver d’exiger le démontage des terrasses à l’abandon», a ainsi regretté Réseau Vivre Paris.
«C'est un sujet majeur de discussion», répond la municipalité parisienne, qui souligne qu'il y a en fait «très peu d'incivilités». «Cette mesure a été proposée gracieusement aux commerces durement touchés par la crise sanitaire, pour qu'ils puissent sortir la tête de l'eau, les professionnels n'ont aucun intérêt à ne pas respecter le deal», explique l'équipe d'Anne Hidalgo, même si elle admet que le sujet des nuisances est suivi de près. «Si on constate qu'il y a des manquements, il y aura des sanctions qui vont de l'amende jusqu'à la fermeture administrative. Comme ça a été le cas au printemps dernier», tient-elle à rappeler.