Confrontés à une forte chute de la fréquentation à cause du coronavirus, certains restaurants ou bars sont tentés de prendre des libertés en couvrant ou en chauffant leurs terrasses éphémères. Mais la mairie de Paris écarte catégoriquement ce lundi 26 octobre toute possibilité d'autoriser de tels ajustements.
L'interdiction de chauffer ou de couvrir apparaît en effet noir sur blanc dans la nouvelle charte qui régit ces installations légères (mais pas les terrasses traditionnelles). Une règle qui n'a pas évolué malgré la mise à jour du document fin-août, lorsque la maire Anne Hidalgo a autorisé la prolongation jusqu'à juin 2021 de ces structures éphémères, mises en place au déconfinement.
Et, en dépit du froid et de la pluie qui découragent désormais les clients, pas question de revenir sur ces points pour la municipalité. «Même si nous comprenons les tentations et avons conscience des difficultés économiques, il ne s'agit pas de recréer des mini-restaurants sur l'espace public», affirme à CNews Olivia Polski, adjointe parisienne chargée du commerce.
«Couvrir serait contre-productif sur le plan sanitaire, car cela empêcherait une bonne aération. Et chauffer serait aberrant d'un point de vue écologique. D'ailleurs, la majorité des restaurateurs respecte la charte», détaille l'élue.
concurrence déloyale pour les terrasses traditionnelles ?
«Nous avons déjà eu énormément de chance d'avoir ces terrasses éphémères, ça a sauvé certains d'entre nous du dépôt de bilan», estime Alain Fontaine, président de l'Association française des maîtres-restaurateurs. Alors pour lui, «il ne faut pas pousser le bouchon trop loin si on veut continuer à bénéficier de l'écoute et de l'ouverture d'esprit de la part des pouvoirs publics, comme cela a été le cas jusqu'à maintenant».
Et celui qui défend l'inscription des bistrots au patrimoine culturel immatériel met en avant un autre argument économique : «Il faut aussi penser à nos confrères qui ont des terrasses traditionnelles, liées à leurs fond de commerce, et qui payent des impôts dessus depuis des années. On entrerait dans une concurrence déloyale si on demandait de chauffer et de couvrir».
En cas d'infractions, les resquilleurs sont passibles d'amendes allant jusqu'à 500 euros de la part des agents de la mairie. Sans compter la bonne adaptation aux règles sanitaires et du couvre-feu, contrôlées par la police municipale.
L'inflexibilité de l'équipe municipale ne surprend pas non plus Franck Delvau, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), joint par téléphone : «Le deal avec la mairie était clair dès le début. Le mot "éphémère" dit bien que ce n'est pas en dur ou chauffé».
Mais il voit plus loin. «Anne Hidalgo pourrait décider que ces terrasses éphémères deviennent définitives, cela irait bien avec sa politique d'enlever des places de stationnement». Et une fois que la mairie stoppera ses exemptions de taxes actuelles, Franck Delvau espère que ces structures ne coûteraient rien aux propriétaires. «Elles sont surtout utiles l'été. Le reste de l'année, elles sont très dépendantes de la météo», argumente le restaurateur.
Plaids, bonnets et vin chaud
La mairie de Paris prévoit en effet une profonde révision de son règlement des droits de terrasses et d'étalage, un épais document de 90 page, d'ici à juin prochain. «Se posera notamment la question de l'interdiction des chauffages électriques et au gaz, en tenant notamment compte de l'évolution attendue de la loi française», confirme l'adjointe Olivia Polski.
En attendant, Alain Fontaine, qui met en avant son «éternel optimisme», a déjà prévu d'adapter sa terrasses éphémère à la saison : «je vais fournir des plaids et des bonnets que je laverai, et je proposerai du vin chaud. Ça fera un coté montagne à Paris». Tant que les mesures de lutte contre le coronavirus le permettront.