Le collectif Nous Toutes met en place cette semaine un dispositif national inédit pour lutter contre les violences conjugales. En tout, 615.000 emballages de baguettes, illustrés avec des violentomètres et des numéros d’aide, seront distribués dans les boulangeries.
Le violentomètre permet de mesurer le degré de violence au sein d'un couple, à partir d'exemples concrets du quotidien. En fonction de la toxicité de leur relation, les potentielles victimes peuvent chercher de l'aide en composant l'un des numéros d'urgence mentionnés au verso du sac à pain : le 17, le 115 ou encore celui de Violences Femmes Infos (3919).
#NousToutes a récemment lancé une opération de diffusion de sacs à pain avec des messages de prévention des violences conjugales.
Tu souhaites recevoir (gratuitement) ces sacs à pain et les distribuer dans les boulangeries de ta ville ?
RDV ici : https://t.co/jOuCRWK40v pic.twitter.com/j3oi20UBm4— #NousToutes (@NousToutesOrg) February 20, 2021
En novembre dernier, 20.000 emballages ont été distribués ainsi dans les boulangeries de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Depuis, le collectif a organisé une cagnotte pour étendre l'opération au niveau national.
En quelques jours, l’objectif de 20.000 euros a vite été dépassé pour atteindre environ 33.000 euros. De quoi acheter 615.000 emballages à distribuer dans toute la France. Les premiers devraient être distribués cette semaine.
On a une annonce croustillante à vous faire…
Les 615000 sacs à pain sont en cours d’impression et commençent à quitter l’atelier pour être livrés partout en France aux 3000 volontaires !
pic.twitter.com/cRRzYezH8E— #NousToutes (@NousToutesOrg) March 17, 2021
«le but est de toucher un maximum de personnes»
L’engouement n’a pas seulement été financier. Environ 3.300 personnes se sont inscrites afin de soutenir le dispositif, «du petit village à la grande ville en passant par les départements d’Outre-Mer», comme l’a affirmé le collectif sur Facebook.
Emma, 30 ans et habitante de Tours, est l’une d’elles. Elle ne se décrit pas comme une militante mais plutôt comme une «citoyenne engagée». Elle a d’abord participé à la cagnotte avant de filer un coup de main à Nous Toutes 37 en démarchant les boulangeries et en organisant la distribution des emballages dans son secteur.
La jeune assistante administrative a «trouvé intéressant» ce dispositif dont «le but est de toucher un maximum de personnes, de rentrer dans les foyers». Car si le nombre de féminicides à baisser de 40% en 2020 (88 contre 146 en 2019 selon un décompte de l'AFP), les violences conjugales ont augmenté de 60% durant le deuxième confinement, comme l'a déclaré Marlène Schiappa en janvier dernier.
Implantées sur tout le territoire, les boulangeries participantes présentent également l'avantage d'être «un des seuls commerces qui ne ferme pas pendant cette crise», souligne la trentenaire.
Certaines «pourront savoir ce qui est acceptable ou pas»
Grâce à la règle sur l’emballage, qui «décrit suffisamment les situations avec des exemples concrets du quotidien», explique Emma, certaines femmes peuvent prendre conscience de leur situation. «Certaines sont déjà en situation d’urgence et auront au moins les bons numéros à disposition. D’autres ne savent pas comment se situer et pourront savoir ce qui est acceptable ou pas», espère-t-elle.
Le violentomètre peut également amener certains hommes à se poser des questions sur leur comportement.
La cagnotte et la mise en place de ce dispositif est en tout cas un nouveau succès pour le collectif féministe créé en 2018. Le 8 mars dernier, notamment à l'appel de Nous Toutes, des dizaines de milliers de manifestants avaient défilé à Paris et dans plusieurs grandes villes de France pour dénoncer la persistance des inégalités subies par les femmes, que la crise sanitaire et les confinements ont encore renforcées.