«La jeunesse est informée et elle est prête». 100 élus politiques et 102 jeunes ont signé ce 20 mars une tribune en faveur du droit de vote à 16 ans pour les élections municipales.
Publiée par Le Journal du Dimanche, cette tribune est à l'initiative du député MoDem David Corceiro. Selon lui, «la crise que nous vivons l'a démontré, notre jeunesse bouillonne». Une idée partagée par le chef de file des députés MoDem, Patrick Mignola, ainsi que par le député Cédric Villani.
Pour eux, abaisser le droit de vote à 16 ans lors des élections municipales serait «un véritable progrès démocratique». 1,7 millions de votants seraient ainsi ajoutés au corps électoral français, actuellement composé de 44 millions de personnes.
Jeunesse informée ?
Le débat sur le droit de vote à 16 ans n'est pas nouveau. L'idée figurait déjà dans les programmes électoraux d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) et de La France Insoumise (LFI) lors des présidentielles de 2017.
Mais quels sont les arguments des pro-vote à 16 ans ? D'abord, le caractère «informé» de la jeunesse. Grâce aux réseaux sociaux, les jeunes seraient plus à même de s'engager et d'accéder à un contenu politique, ce qui leur permettrait de se forger un avis.
Ensuite, accorder le droit de vote aux jeunes de 16 et 17 ans pourrait rétablir un certain équilibre. A 16 ans, les Français peuvent en effet «travailler, consentir à l'impôt, souscrire à la Sécurité sociale, conduire accompagné d'un adulte, renoncer à leur nationalité, s'émanciper du foyer, créer une association», rappellent les signataires de la tribune. Mais pas voter.
Dernier argument : des pays européens, comme Malte et l'Autriche, ont déjà sauté le pas. Selon un rapport de la députée Paula Forteza, en Autriche, 80% des jeunes de 16 à 18 ans ont voté lors de l'élection suivant l'adoption de cette mesure.
En Allemagne et au Royaume-Uni, les jeunes de 16 et 17 ans sont autorisés à voter pour certaines élections locales. En Slovénie, les personnes âgées de 16 ou 17 ans peuvent voter... mais seulement si elles ont un emploi.
Jeunesse immature ?
Mais en France, l'idée est encore loin d'être adoptée. Une proposition de loi sur le droit de vote à 16 ans a été portée en octobre 2020. Le gouvernement l'a rejetée, sans laisser la possibilité aux députés de débattre.
Beaucoup soulignent en effet l'immaturité de la jeunesse. Les mineurs manqueraient de recul, ou seraient trop susceptibles d'être influencés par des courants radicaux. Pour le Premier ministre Jean Castex, les jeunes ne votent de toute façon pas - ou pas assez -. «Les jeunes à partir de 18 ans utilisent-ils aujourd'hui suffisamment leur droit de vote ? La réponse est non», a-t-il affirmé en octobre, lors d'une séance de Questions au gouvernement.
L'abstention a atteint 72% chez les 18 - 34 ans pendant les municipalesde 2020, contre 60% pour l'ensemble des classes d'âge. Autre exemple : pour les présidentielles de 2017, seul 1 électeur sur 5, parmi les 18 - 29 ans, a voté aux deux tours.
Pour rappel, la dernière modification de l'âge du droit de vote date de 1974, lorsque le président Valéry Giscard d'Estaing l'a abaissé de 21 à 18 ans.