Quelle stratégie pour la France au Sahel ? Les présidents des pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et Emmanuel Macron se réunissent en sommet ce lundi et mardi au Tchad pour faire le point sur la lutte antijihadiste dans la région. La question de la réduction de la présence militaire française sera au centre des discussions.
Le 19 janvier dernier, lors de ses voeux aux armées, à Brest, Emmanuel Macron n'a pas caché sa volonté de réduire la voilure. Un an après avoir décidé de renforcer l'opération Barkhane via l'envoi de 600 soldats supplémentaires sur le terrain - faisant passer ses effectifs de 4.500 à 5.100 -, le chef de l'Etat français a déclaré que Paris allait «ajuster (son) effort».
En cause, un engagement financièrement et humainement coûteux - 50 soldats français ont été tués au Sahel depuis les débuts de l'intervention française en 2013 -, qui fait in fine l'objet de critiques de la part des populations locales. Une manifestation à Bamako, au Mali, le 20 janvier dernier, destinée à protester contre la présence militaire française dans le pays, témoigne de cette animosité.
Mais aucune annonce sur une diminution du contingent français au Sahel, toujours confronté à de fréquentes attaques terroristes, n'est attendue lors du sommet de ces lundi et mardi à N'Djamena (Tchad), contrairement à ce qui était pressenti. Cette question est actuellement «discutée avec les partenaires sahéliens de la coalition», a expliqué un conseiller de l'Elysée à l'AFP. «Les modalités seront décidées au cours des prochaines semaines et prochains mois», a ajouté cette source.
Soutien européen et relais sahélien
Pour alléger sa présence, la France compte sur deux axes. D'une part, la montée en puissance de l'engagement de ses partenaires européens dans la région, à travers la force Takuba, lancée en mars 2020 et à laquelle participent plusieurs dizaines d'Estoniens, de Tchèques et de Suédois. D'autre part, le relais politique et militaire des Etats sahéliens. Paris souhaiterait à terme pouvoir passer le témoin aux armées nationales qu'il forme avec l'Union européenne. Dans le même temps, il appelle à profiter des réussites militaires sur place pour enclencher le «retour de l'Etat» dans cette région sinistrée.
Deux objectifs qu'Emmanuel Macron tentera de pousser lors du sommet, auquel il participera en visioconférence, en raison du contexte sanitaire. D'abord auprès des présidents des pays du G5 Sahel, au cours d'une réunion ce lundi après-midi, puis mardi matin auprès de la Coalition pour le Sahel, lancée en janvier 2020 lors du sommet de Pau, qui réunit tous les pays apportant une aide à la lutte contre les groupes jihadistes.