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Ile-de-France : comment le Covid-19 s'invite dans le processus d'expulsion des personnes en situation illégale ?

Le CRA du Mesnil-Amelot (77). Le CRA du Mesnil-Amelot (77) a été le théâtre d'un incendie volontaire. [© Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Quelques jours après le départ d'un incendie volontaire au Centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (77), déclenché par plusieurs détenus qui refusaient de se soumettre à un test Covid, les tensions sont toujours palpables dans les centres de la région Ile-de-France. Pire, le refus de test serait devenu un motif pour les placer en garde à vue.

Alors que certains détenus déplorent le manque d'hygiène et de protection pour faire face au coronavirus dans les CRA, d'autres dénoncent l'obligation systématique de se soumettre à un test PCR, selon La Cimade, qui explique que leur expulsion est «souvent conditionnée par la présentation d'un test négatif récent». La plupart des pays d'origine de ces détenus réclament en effet un test négatif de moins de 72h avant d'accepter le retour d'un ressortissant.

Pour lutter contre leur expulsion, beaucoup de détenus préfèrent donc refuser de se faire tester, au risque d'être placé en garde à vue ou pire d'être déféré devant un juge et condamné à de la prison. Ce qu'ils ne savent pas forcément, c'est que le juge peut les condamner à une ITF (Interdiction du territoire français), qui leur fermera définitivement la porte de la régularisation en France.

C'est notamment ce qui est arrivé à Sylvain, un Camerounais scolarisé en bac pro au lycée parisien de la rue Belliard (18e) et détenu au centre de rétention de Vincennes, à Paris (75), depuis le mois de novembre. Placé en garde à vue après avoir refusé de se soumettre à un test PCR, il a finalement été déféré en comparution immédiate et condamné à l'expulsion, prévue le lundi 8 février dernier. Faute d'avion, Sylvain est finalement resté en France, toujours dans l'attente.

uN DÉLIT OU UNE ENTRAVE AUX LIBERTÉS ?

«La crise sanitaire ne permet pas à l'Etat d'expulser autant qu'il le voudrait car certaines frontières restent encore fermées. Les préfectures utilisent donc les refus de test pour prolonger l'enfermement jusqu'à ce qu'elles puissent reprendre les expulsions», explique le collectif Anticra, qui se mobilise contre l'existence des centres de rétention administrative en Ile-de-France.

Selon le collectif, «criminaliser le refus de test» permet ainsi d'«enfermer plus longtemps» ces personnes en attente de régularisation avec «le double objectif» de les «garder sous la main dans l'attente de leur expulsion» et «de les décourager de continuer à se battre pour rester».

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