Avec quatre heures d'avance sur l'horaire habituel, le ministre de la Santé Olivier Véran a tenu, à 14 heures ce jeudi 28 janvier, une conférence de presse sur l'évolution de l'épidémie de Covid-19 en France. Une intervention qui était très attendue alors que l'hypothèse d'un reconfinement strict, et peut-être imminent, se fait de plus en plus insistante.
Hier, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a en effet déjà évoqué cette piste, en affirmant qu'un confinement «très serré», soit peu ou prou comparable à celui du printemps 2020, faisait partie des scénarios envisagés.
Surtout, alors que ce samedi marquera les deux semaines de la généralisation du couvre-feu à 18h à tout le territoire, Gabriel Attal a jugé que cette mesure «a une efficacité relative» et «ne freine pas suffisamment» la propagation du coronavirus et de ses variants. Un point de vue partagé sans surprise par Olivier Véran aujourd'hui, comme il l'a lui-même répété, chiffres à l'appui.
Reste que si l'impatience était grande autour de la prise de parole du ministre de la Santé, ce dernier n'a fait aucune annonce concrète sur un éventuel reconfinement à venir. Son intervention s'est avant tout voulue «pédagogique» pour «informer les Français», a-t-il dit.
Toutefois, les dernières données qu'il a communiquées ne prêtaient pas à l'optimisme. De même, cette prise de parole avancée semble bien traduire une accélération du calendrier, et il ne fait désormais presque aucun doute que des annonces devraient vite suivre, ce week-end, ou en début de semaine prochaine.
«Le virus circule beaucoup»
En attendant, si Olivier Véran a assuré que la France n'est pas, aujourd'hui, «à proprement parlé dans une vague épidémique», «le virus circule beaucoup» dans le pays.
Selon les derniers chiffres qu'il a communiqués, l'épidémie en France s'inscrit ainsi aujourd'hui «dans un plateau haut, qui augmente de 10 % chaque semaine».
Désormais, le taux d'incidence, c'est-à-dire le nombre de personnes infectées au coronavirus pour 100.000 habitants, est de 210,5 sur les sept derniers jours. Un seuil élevé.
«Le couvre-feu (...) ne suffit pas»
Autre élément communiqué, «le couvre-feu a une efficacité», mais celle-ci «s'estompe et ne suffit pas à faire reculer le virus», a jugé Olivier Véran.
«Il y a aujourd'hui plus d'admissions que de sorties. Il y a aussi plus de cas graves», a-t-il précisé. En résumé, donc, «la pression hospitalière s'accroît».
Dans le détail, a-t-il complété, «il y a actuellement plus de 3.100 patients hospitalisés en réanimation et 27.000 patients admis à l'hôpital au total pour Covid-19».
Or, «il y avait 3.300 patients en réanimation au commencement du confinement d'octobre», a souligné le ministre de la Santé. Ce faisant, «des transferts de patients entre régions» sont d'ores-et-déjà envisagés.
«Les mesures actuelles ne sont donc pas suffisamment efficaces. Il faut éviter une épidémie dans l'épidémie», a-t-il encore prévenu.
Des variants qui gagnent du terrain
Ce regain épidémique, a poursuivi Olivier Véran, s'explique par les différents variants du SARS-CoV-2 «qui circulent activement partout, dont en France».
Alors qu'au début du mois de janvier, on recensait dans l'Hexagone «500 personnes atteintes de ces variants», elles sont désormais «2.000 aujourd'hui», a déploré le ministre de la Santé.
«Cela concerne essentiellement le variant britannique et, dans une moindre mesure, le variant sud-africain», a-t-il ajouté.
Seul paramètre positif, selon le ministre de la Santé, «la vaccination avance sur les personnes vulnérables», mais, a-t-il tempéré, «les effets ne se feront pas tout de suite sentir.»
Le télétravail est très efficace
Après avoir défendu l'action de l'Etat, assurant que le gouvernement «n'ignore en rien les conséquences de l'épidémie sur les Français», répondant aux questions des journalistes, Olivier Véran a confirmé que les contaminations se faisaient principalement dans le cadre intra-familial, mais aussi sur le lieu de travail.
A ce sujet, le ministre de la Santé a d'ailleurs souligné que «le télétravail est l'une des mesures les plus utiles pour freiner le virus». Un détail intéressant dans la mesure où la piste du télétravail intégral était ces derniers jours à nouveau évoquée.