Son nom est celui qui revient le plus souvent en ce moment pour mener la gauche à la prochaine élection présidentielle. Mais la candidature d'Anne Hidalgo est encore loin d'être actée, et de mauvais auspices pourraient décourager la maire de Paris de se lancer dans une bataille compliquée.
Les bars et les boîtes de nuit étant encore fermés, ce n'est pas la gueule de bois qui a dû donner des maux de tête ce dimanche 24 janvier à l'entourage d'Anne Hidalgo. Dans un sondage Harris Interactive, la maire de Paris est en effet créditée de seulement 6 à 7 % d'intentions de vote, selon ses adversaires testés. Soit le plus mauvais score parmi les principaux prétendants, derrière l'écologiste Yannick Jadot (7 à 8 %) et l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon (11 %).
Un coup de mou qui n'est «pas totalement une surprise» pour Célia Blauel, la nouvelle présidente du mouvement d'Anne Hidalgo, interrogée par CNews ce lundi 25 janvier. «La candidature d'Anne Hidalgo est une hypothèse que certains découvrent encore. Et il n'y a pas de projets exprimés», analyse-t-elle. D'autant que «le contexte sanitaire» est dans tous les esprits, au détriment d'une présidentielle «qui semble bien lointaine».
Une dynamique qui peine à s'enclencher
A l'hôtel de ville de Paris, on nuance aussi ces résultats. «Ce sondage arrive particulièrement tôt au sein d'un échiquier politique encore non stabilisé. Le total de l'offre de gauche est faible et a vocation à s'élargir», commente un proche de la socialiste, qui ajoute : «souvenez-vous des pronostics de 2011 et 2016, aucun ne s'est réalisé». Un an avant les deux scrutins, les favoris se nommaient alors Dominique Strauss-Kahn et François Fillon.
Mais si un sondage, photographie de l'opinion à l'instant T et avec des marges d'erreur de 2 ou 3 points, ne permet pas de présager de la situation en mai 2022, tout est affaire de dynamique en politique. Et pour le moment, l'hypothèse Anne Hidalgo, donnée entre 9 et 13 % dans la précédente enquête Ifop en septembre 2020, ne semble pas susciter l'enthousiasme. L'élue est aussi à la merci de nouveaux couacs qui viendraient entacher son image à Paris, comme le retour polémique de son ex-adjoint Christophe Girard ou la renégociation du contrat de Vélib'.
«On ne peut pas enclencher de dynamique tant qu'on ne s'est pas déclaré candidat», rétorque Rémi Féraud, président du groupe d'Anne Hidalgo au conseil de Paris. Joint par téléphone, ce membre de la garde rapprochée de la maire assure que «le prochain lancement d'Idées en Commun [la plateforme programmatique d'Anne Hidalgo] a pour but de susciter cette dynamique». Aucune date n'est toutefois annoncée.
Or, ces enquêtes d'opinion devraient jouer un rôle crucial dans le choix d'Anne Hidalgo de franchir, ou pas, le Rubicon. Une décision qui devrait intervenir après les élections régionales, à l'été ou à la rentrée de septembre. Solidement installée dans le fauteuil de maire de Paris, à la tête d'une ville qu'elle «aime», la socialiste n'entend pas s'engager dans ce combat sans un minimum de certitudes. «Cela ne peut pas être pour se prendre une tôle», a-t-elle admis dans Les Echos vendredi 22 janvier.
A l'heure actuelle, elle semble bien loin d'être en position d'atteindre le second tour. Marine Le Pen et Emmanuel Macron caracolent en tête au fil des enquêtes, avec une avance conséquente sur leurs poursuivants et au minimum de 20 % d'intentions de vote. Une barre qui semble très haute pour la socialiste, surtout avec deux autres candidatures sur ses ailes, Jean-Luc Mélenchon (LFI) ainsi qu'un(e) écologiste. L'union de la gauche, elle, semble s'éloigner un peu plus chaque jour.
«Pas candidate à tout prix»
Pour établir son périmètre politique, son offensive sur le rapport des écologistes à la République a eu le mérite de semer des graines sur sa droite, auprès des défenseurs d'une laïcité stricte. Anne Hidalgo pourrait prochainement aller chercher Jean-Luc Mélenchon sur sa gauche, avec des thèmes sociaux et sociétaux. Le test d'un revenu universel à Paris dès cette année pourrait en faire partie.
Mais la maire de Paris a encore beaucoup de travail pour récupérer les électeurs de gauche. D'après l'étude d'Harris Interactive, seuls 45 % des sympathisants du PS mettraient un bulletin Hidalgo en 2022, pour 6 % des écologistes et 4 % de ceux de La France Insoumise. Pas non plus de mouvement de retour des «déçus du macronisme», qui ne seraient que 1 % à être séduits par l'élue PS.
«Elle ne sera pas candidate à tout prix, elle ne se déclarera que si cela permet de donner des chances de victoire à un projet écologiste et de gauche. S'il n'y a pas de chemin, elle n'imposera pas une candidature supplémentaire», admet Rémi Féraud. Célia Blauel, elle, préfère rappeler la résilience chère à la maire de Paris : «je le disais déjà quand les sondages en 2018 étaient mauvais. Il ne faut jamais sous-estimer Anne Hidalgo».