La question religieuse, un sujet tabou dans les classes ? Une enquête de l’Ifop révèle ce mercredi que 49% des enseignants du second degré (collège et lycée) se sont déjà autocensurés lorsqu’il fallait aborder ce thème, pour éviter les incidents.
Chose effrayante, ce chiffre est en hausse de 13 points depuis 2018. L’enquête a été effectuée en décembre dernier, deux mois après l’assassinat du professeur Samuel Paty. Trois confrères sur quatre estiment d’ailleurs que ce dernier a eu raison de faire un cours sur la liberté d’expression en s’appuyant sur des caricatures de presse. Ils sont 9% à penser qu’il a eu tort.
Parmi les autres enseignements du sondage, réalisé pour la fondation Jean-Jaurès et Charlie Hebdo, 40% des enseignants disent avoir connu des problèmes liés à la religion d’un élève concernant la cantine scolaire.
De nombreuses formes de séparatisme dans les établissements
Plus de la moitié des professeurs indiquent également que la foi d’un collégien ou lycéen a mené à une contestation face à un enseignement : 27% lorsqu’il s’agissait de sport, 26% lorsque le sujet de la laïcité était abordé ou encore 25% lorsque le thème était la sexualité, les stéréotypes ou l’égalité hommes-femmes.
« Le problème de laïcité à l’école n'est pas un problème avec le christianisme, n'est pas un problème avec le judaïsme, c'est un problème avec l'islam politique et l’islamisme », Kevin Bossuet, professeur d'histoire en banlieue parisienne dans #90MinutesInfo pic.twitter.com/hwNRiUAkPd
— CNEWS (@CNEWS) January 6, 2021
Les enseignants sont 59% à indiquer avoir déjà remarquer des formes de séparatisme religieux dans un cours ou dans l’enceinte de leur établissement : absence de filles durant les cours de natation (45%), demande qu’aucune viande ne soit servie avec l’assiette de légumes (35%) ou refus d’entrer dans une église lors d’une sortie scolaire (28%).
Le ministère de l’Education nationale avait informé il y a un mois que près de 800 incidents avaient eu lieu lors des hommages à Samuel Paty (dont 17% pour apologie du terrorisme). De nombreux signalements ont été effectués aux autorités et 44 exclusions définitives ont été prononcées par les établissements.