Le déploiement de la 5G devrait bien lieu à Paris, mais quand ? Alors que plus d'un millier d'antennes 5G sont déjà prêtes à l'emploi dans la capitale, celles-ci attendent toujours d'être activées. Si le fondateur de Free, Xavier Niel, promet leur arrivée pour fin février, la municipalité parisienne explique, quant à elle, être encore en train de travailler sur le sujet.
«Le travail a commencé, bien sûr, mais je n'ai pas de calendrier à annoncer [...] les discussions sont toujours en cours», explique ce jeudi 7 janvier Paul Simondon, l'adjoint à la mairie de Paris chargé des finances et de ce dossier sensible. Celui-ci rappelle que la municipalité parisienne entend d'abord – fidèle à ce qu'elle avait prévu – mettre à jour sa Charte de téléphonie mobile. Pour l'élu, cet «outil de régulation, qui existe à Paris depuis 2003, a dejà su évoluer» au gré de l'arrivée de nouvelles technologies. Aucune raison donc, selon lui, que les différents acteurs en charge de ce dossier ne puissent pas se mettre d'accord.
vers un inévitable «compromis» ?
Pour ce faire, «des échanges entre les élus parisiens des différents groupes politiques, les associations de citoyens, les opérateurs de téléphonie mobile et les agences concernées (ANFR, ARCEP, ANSES) se tiennent» d'ailleurs en ce moment même, assure-t-on à la mairie. Le but ? Intégrer à la Charte de téléphonie mobile les 21 recommandations formulées à l'issue de la conférence citoyenne sur la 5G et adoptées par le Conseil de Paris le mois dernier.
A ce stade, Paul Simondon dit être encore en train de «travailler avec les opérateurs pour qu'ils formulent leurs premières propositions sur la base de ces recommandations». Un dispositif qui ne concerne «pas seulement» les Parisiens selon l'élu, qui espère que la métropole parisienne et toutes les collectivités qui le souhaitent s'emparent de cet outil à leur tour.
Alors que se passera-t-il si la municipalité, les élus et les opérateurs n'arrivent pas à tomber d'accord ? «C'est sûr qu'il y aura un compromis à trouver, mais je ne veux pas parler d'un scénario dans lequel nous serions incapables d'y arriver», avance Paul Simondon, se voulant confiant.
«Dès que la Ville et les opérateurs auront abouti sur un texte commun, permettant notamment de tenir compte des 21 préconisations de la conférence citoyenne, la mise à jour de la charte fera l’objet d’un vote en Conseil de Paris», explique-t-on à la mairie de Paris, sans donner plus de précisions sur l'agenda.
Si l'on s'en tient à ce qu'a annoncé Xavier Niel, il reste logiquement moins d'un mois pour trouver un accord et modifier la Charte parisienne de téléphonie mobile, avant le prochain conseil de Paris qui doit se tenir les 2, 3 et 4 février prochains.
Si ce n'est pas le cas, l'homme d'affaires aura sans doute parlé trop vite, en annonçant un possible déploiement de la 5G à Paris «avant fin février». Le conseil de Paris suivant étant ensuite prévu début mars. Une fois la nouvelle version de la Charte validée, il restera encore aux opérateurs à déposer «une demande d'autorisation» auprès de la municipalité, pour chaque antenne activée.
En attendant, tout est prêt à Paris, puisqu'environ un millier d'antennes – qui existaient déjà avant l'arrivée de la 5G – sont opérationnelles et compatibles pour accueillir cette nouvelle technologie, même si elles nécessitent tout de même une «intervention» le jour de l'activation, explique Paul Simondon.
«Cela peut aller très vite», craint de son côté Fatoumata Koné, la présidente du groupe écologiste à la mairie de Paris. Selon elle, «soit Xavier Niel a déjà discuté avec la Ville de Paris qui l'a rassuré sur le timing, soit c'est un coup de bluff pour nous forcer à accélérer le calendrier».
Les verts souhaitent attendre
Les élus écologistes à la mairie de Paris n'ont d'ailleurs pas tardé à réagir. Quelques heures après l'annonce de Xavier Niel, ils adressaient une lettre à la maire de Paris, Anne Hidalgo, lui réclamant à nouveau la tenue d'un moratoire au sujet du déploiement de la 5G dans la capitale. «Il appartient aux villes de permettre ou non le déploiement des antennes sur leur territoire», peut-on lire dans le communiqué.
«L'idée, ce n'est pas de se positionner pour ou contre la 5G [...] mais pourquoi ne pas attendre quelques mois», s'interroge Fatoumata Koné, la présidente du groupe écologiste à la mairie de Paris. L'élue préfèrerait en effet que la capitale – à l'instar de d'autres grandes villes françaises comme Lille – ne se précipite pas et attende notamment «les résultats de plusieurs études en cours au sujet de l'impact environnemental de la 5G».
.@Kone_Fatou, @emilemeunier et les élu.e.s du Groupe Ecologiste de Paris viennent d'adresser une lettre à la Maire de Paris pour lui demander de suspendre le déploiement de la #5G à Paris le temps d'évaluer de façon précise son impact carbone.
https://t.co/GryJq8tBVe https://t.co/CSw3yDG0Zh— Groupe écolo Paris (@ecoloParis) January 5, 2021
Pour Fatoumata Koné, cela permettrait ainsi de savoir «si oui ou non les avancées qui sont présentées sur l'amélioration de notre quotidien [grâce à l'arrivée de la 5G, ndlr] sont suffisament importantes» ou si, au contraire, celles-ci «ne sont pas néfastes sur notre environnement et notre santé».
En attendant, les écologistes ont donc demandé à Anne Hidalgo «de suspendre le déploiement de la 5G le temps de quantifier son impact carbone pour Paris» et «d'établir une évaluation précise des éventuels besoins éprouvés sur le territoire parisien auxquels la 5G pourrait véritablement répondre». Le but étant, selon eux et comme l'ont préconisé les personnes interrogées dans le cadre de la conférence citoyenne, «de définir précisément les impacts et les bénéfices de la 5G avant son déploiement», peut-on lire dans le courrier.