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Avoir 20 ans en 2020 : «Je pense que tous les problèmes finissent par s'arranger»

Pierrick est actuellement surveillant dans le lycée où il a fait ses études.

«C’est dur d’avoir 20 ans en 2020». Le 14 octobre dernier, lors de son allocution télévisée pour annoncer la mise en place d’un couvre-feu, Emmanuel Macron a eu une pensée particulière pour les jeunes français dont la vie sociale, professionnelle ou étudiante a été perturbée par la crise sanitaire.

Le président français a souligné le malaise ressenti par cette frange de la population qui, «honnêtement, vit un sacrifice terrible : des examens annulés, de l'angoisse pour les formations, pour trouver le premier job».

CNEWS a donc donné la parole aux concernés sur le thème : avoir 20 ans en 2020. Ils ont partagé leurs préoccupations, leurs doutes mais aussi leurs espoirs concernant l’avenir. Aujourd'hui, Pierrick, surveillant en lycée ayant vécu son confinement sans Internet, témoigne.

SON ANNÉE 2020

2020 n'a pas été facile. Et le soupir de Pierrick, actuellement surveillant en lycée, en témoigne. «Oui, 2020 a été une période un peu pourrie», reconnaît-il. «Mais je pense avoir bien réussi à l’encaisser.»

L’année avait pourtant très mal démarré. Lorsque le premier confinement a été annoncé, Pierrick et sa mère venaient tout juste d’emménager dans un nouvel appartement. Résultat : une cuisine à moitié terminée – avec des rangements mal fixés et un évier bancal – et surtout, pas de connexion internet. La mère de Pierrick s’est retrouvée dans l’incapacité de télétravailler. Elle a été placée en chômage partiel jusqu’à l’installation de la fibre… qui a pris du retard. Après plusieurs interventions annulées et des coups de téléphone «parfois jusqu’à trois ou quatre par jour», Internet a finalement été rétabli. Au total, Pierrick et sa mère auront passé quatre mois à payer pour une connexion qu’ils n’avaient pas. Ils ont depuis été remboursés.

Si le jeune homme est encore agacé par l’incident, il a su y faire face. Pierrick, qui terminait à l’époque son BTS en Économie Sociale Familiale, a utilisé l’intégralité de sa 4G pour suivre ses cours en visioconférence. «J’ai tout axé sur mes études», explique-t-il. «J’avais assez de 4G pour les visios, mais pas pour le reste.» Pas de films en streaming, donc, ni de jeux vidéos. Pierrick a occupé les longues heures de confinement en dessinant ou en faisant de la photographie. Un moindre mal pour ce jeune nordiste aux cheveux bouclés, habitué à s’adapter.

Optimisme

Il faut dire que Pierrick a développé une grande capacité de résilience. Fils unique de parents divorcés, il a grandi avec un père qu’il voit peu, une mère aux antécédents dépressifs et un beau-père avec qui il n’a presque plus de contacts. A côté de ces difficultés, les complications liées à Internet et à la nouvelle cuisine paraissent dérisoires. «Je suis optimiste», affirme Pierrick. «Je pense que les problèmes s’arrangent d’eux-mêmes.»

Ou, s’ils ne s’arrangent pas, il leur donne un coup de pouce. Comme pour son orientation professionnelle : Pierrick rêve d’être professeur d’histoire, «un beau métier pour aider la jeunesse», assure-t-il, passionné. Un projet longtemps contrarié par sa mère. «Elle a tendance à vouloir tout diriger dans ma vie», commente-t-il avec cynisme. C’est elle qui l’a orienté vers un BTS. «Elle pense que j’ai la fibre sociale, et c’est vrai, mais je ne veux pas faire comme elle et bosser à la CAF derrière un bureau. Ce n’est pas ça qui m’anime», soupire le jeune nordiste. Aujourd’hui, sa mère ne s’oppose plus à ce qu’il reprenne une licence d’histoire. Mais elle ne l’encouragera pas non plus. «Elle a abandonné», résume Maureen, la petite amie de Pierrick.

Résilience

Le jeune nordiste gère cette absence de soutien comme ses problèmes d’Internet et ses démêlés avec son beau-père : il s’adapte. Il souhaite économiser suffisamment d’argent pour ne plus être dépendant de sa mère, et ainsi reprendre une licence d’histoire. Il a donc postulé à des dizaines d’emplois sans être retenu. «Pour ça, c’est dur d’être jeune en 2020», soupire Pierrick. «Je ne sais pas si tout le monde avait du travail en 1990, mais j’ai l’impression qu’aujourd’hui on nous demande encore plus d’expérience pour un salaire pas forcément plus élevé.» Il est finalement parvenu à décrocher un CDD dans son ancien lycée, qui devrait déboucher sur un service civique en janvier.

Une bonne nouvelle, qui l’a forcément rendu optimiste pour 2021 : «Je pense que l’année réservera son lot de surprises, même si la pandémie a créé un certain malaise. Il y aura peut-être des crises sociales à venir», nuance-t-il. Mais rien que Pierrick ne puisse gérer. Dans un monde qu’il décrit comme «anxiogène, et ce bien avant la crise du Covid, puisqu’on nous parlait déjà de menaces et de terrorisme», la résilience est peut-être la meilleure arme.

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