Le maire socialiste de la ville de Saint-Denis (93), Mathieu Hanotin, estime ce lundi 21 décembre que la lutte contre le trafic de drogue pourrait notamment passer par une légalisation du cannabis, en plus de la réponse sécuritaire.
Elu en juin dernier à la tête de la plus grand ville de Seine-Saint-Denis, Mathieu Hanotin défend en effet «une réponse globale, qui se situe sur un plan législatif. On n'éradiquera pas le trafic, parce qu'il y a une demande. Cinq millions de personnes consomment régulièrement du cannabis en France».
Selon cet ancien député socialiste du département, «cela pose la question de la légalisation, qui permet un meilleur contrôle et une politique de prévention, notamment en direction des mineurs car c'est parmi eux que le cannabis fait des ravages», développe-t-il dans Le Parisien.
Une nouvelle voix en faveur de la légalisation
Une prise de position qui intervient quelques jours seulement après celle d'Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis. Ce dernier entend inclure la légalisation du cannabis — sous contrôle de l'Etat – dans une proposition de loi visant à «éradiquer le trafic de drogue», qu'il devrait déposer en 2021.
En 2016, Emmanuel Macron, alors en campagne présidentielle, avait estimé que «la légalisation du cannabis a des intérêts et une forme d'efficacité» concernant les problèmes posés par le cannabis sur «la sécurité, le lien avec la délinquance dans des quartiers difficiles et le financement de réseaux occultes». Mais il a fermé la porte en 2019 à la légalisation du cannabis récréatif, indiquant qu'il n'avait «jamais vu d'études robustes montrant que cela n'avait pas d'effets sur la vigilance en particulier des plus jeunes».
En outre, Mathieu Hanotin considère qu'il «faut aussi une réponse répressive, pour lutter contre toutes les nuisances que génère le trafic aujourd'hui dans nos villes». Le socialiste vient d'ailleurs de faire voter l'attribution d'armes létales à la police municipale de Saint-Denis.
Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a fait savoir que la France compte près de 4.000 «points de deal». La Seine-Saint-Denis se trouve en tête de ce sombre classement, avec 276 de ces «fours». Le ministre souhaite ainsi qu'un site internet soit créé dès l'an prochain pour que les citoyens puissent faire des signalements.