Dans une lettre en date du 8 septembre dernier et rendue publique ce jeudi, Arnaud Robinet, le maire Les Républicains (LR) de Reims, dans la Marne, demande au Premier ministre, Jean Castex, à avoir un «vrai débat» sur le cannabis, tout en se disant «prêt» à en expérimenter l'usage dans sa ville.
Une prise de position qui détonne dans un parti réputé très conservateur sur les sujets de société.
Mais Arnaud Robinet, jeune maire de 45 ans à la tête de la douzième plus grande ville de France, en est convaincu : «La prohibition n’est pas une solution». C'est d'ailleurs ce qu'il l'a écrit noir sur blanc dans sa missive adressée au chef du gouvernement.
C'est pourquoi l'édile demande à avoir un «vrai débat» sur le cannabis, substance psychoactive la plus consommée en France après l'alcool, le tabac, la caféine et les médicaments psychotropes.
Un débat qui servirait notamment à «étudier les conséquences d’une légalisation de (sa) vente», avec des «expérimentations» locales, et pourquoi pas à Reims.
«Il faut sortir de l’idéologie et être pragmatique»
«Cette réflexion, dont l’engagement nécessite un certain courage, pourrait déboucher sur la mise en place d’expérimentations territoriales limitées dans le temps», propose ainsi le maire. «Reims pourrait alors candidater», prend-il le soin de mentionner.
«Sur la question de la légalisation, il faut sortir de l’idéologie et être pragmatique», a précisé dans la foulée l’ancien député auprès de l’Agence France-Presse (AFP).
«La France a l’arsenal répressif le plus strict d’Europe et pourtant, c’est le pays qui compte le plus de consommateurs de cannabis : 11 % des Français, trois fois plus qu’il y a 30 ans», argumente-t-il.
Contre l’amende de 200 euros
L’amende forfaitaire de 200 euros pour consommation de stupéfiants, testée à Reims, n'est en outre pas une solution pour Arnaud Robinet, mais plutôt «une réponse politicienne de court terme», même s'il est bien conscient d'être isolé sur ce sujet dans sa famille politique.
«C’est une question générationnelle», tranche-t-il, quitte à froisser certains caciques. Reste que la proposition d'Arnaud Robinet a obtenu un soutien de poids : celui de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA).
«Nous sommes prêts à accompagner une expérimentation sur une légalisation encadrée du cannabis que nous demandons depuis 2011», affirme le Dr Alain Rigaud, président de l’ANPAA de la Marne auprès de l'AFP.
«Ce n’est pas une bonne idée», a de son côté rétorqué Michel Corriaux, secrétaire général Grand Est du syndicat policier Alliance, sollicité également par l’Agence France-Presse. «Cela serait un aveu de faiblesse par rapport aux délinquants», a-t-il jugé.