Les étudiants infirmiers sont révoltés d’être réquisitionnés par l’ARS pour remplacer les aides-soignants des Ehpad en PACA.
L’épidémie de Covid-19 progresse de manière très inquiétante dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les cadences de travail sont de plus en plus difficiles pour les personnels des Ehpad.
«Beaucoup d’aides-soignants sont contaminés et ne peuvent pas venir travailler, explique Danny Forster, le directeur adjoint d’un Ehpad du Var. D’autres sont découragés. Épuisés par la surcharge de travail et écœurés par le manque de reconnaissance, ils démissionnent les uns après les autres. Dans mon établissement, nous avons actuellement cinq cas de coronavirus chez le personnel et cinq autres chez les patients».
La formation des élèves infirmiers et les aides suspendues
Pour faire face au manque cruel de bras, l’Agence Régionale de Santé de PACA a pris une décision radicale, en début de semaine. L’ARS a en effet décidé de réquisitionner (sur la base du volontariat et pour une durée d’un mois reconductible) les étudiants de deuxième année des instituts de formation d’infirmiers de la région pour aller remplacer les aides-soignants (moins qualifiés) dans les établissements de santé (et notamment les Ehpad).
Cette décision a suscité la colère des intéressés car l’ARS a suspendu purement et simplement la formation, le statut d’étudiant ainsi que les aides dont ces élèves bénéficiaient.
Problèmes financiers et décrochages scolaires redoutés
«Nous ne sommes pas opposés à renforcer les équipes des instituts de santé, car soigner est notre futur métier mais aussi notre vocation, insiste Zoé, une étudiante infirmière. Mais nous n’acceptons pas que l’on nous retire nos droits et qu’on suspende notre formation. Cela va entrainer des problèmes financiers pour certains d’entre nous mais aussi du décrochage scolaire. Nous avons été mis devant le fait accompli».
Pour les élèves concernés, les incertitudes sont grandes. Personne ne sait quand et comment l’année universitaire pourra aller à son terme.
«La décision de l’ARS a été maladroite et incomprise»
Du côté de la direction de l’institut de formation des infirmiers de Toulon, on dit travailler déjà à l’élaboration d’un «plan de réorganisation». «Les étudiants concernés ont été sidérés d’apprendre cette décision de l’ARS qui a été maladroite et incomprise, explique Josy Chambon, la directrice. Ils ressentent une injustice par rapport à leurs homologues d’autres régions. Ils ont peur que la qualité de leur formation ne soit pas reconnue à sa juste valeur. Ils craignent d’être considérés comme la ‘promotion Covid’.».
«Nous sommes les soignants de demain, rappelle Zoé. Notre formation doit être complète, sinon, cela mettra en danger nos futurs patients».