Le ministère de l'Intérieur annonce, ce lundi 16 novembre, que les violences conjugales ont fait 142.310 victimes en 2019, d'après les chiffres remontés des forces de l'ordre sur l'ensemble de l'année dernière. Ils traduisent une hausse importante de 16% par rapport à 2018, précise encore le SSMSI, le service statistique de la place Beauvau.
Sur ces 142.310 victimes, près de 126.000 (125.840 précisément, soit 88%) sont des femmes indique en outre l'enquête dédiée, intitulée Cadre de vie et sécurité, du ministère de l'Intérieur.
Dans le détail, la proportion de femmes victimes atteint même 98% lorsqu'il s'agit de recenser les victimes de viols et agressions sexuelles au sein d'un couple.
Une hausse continue semble se dessiner
Plus préoccupant encore, en 2018, le nombre de victimes conjugales recensées par les policiers et gendarmes avait déjà augmenté de 10%, rappelle le ministère.
Et si les chiffres de cette année ne sont, eux, pas encore disponibles, de nombreux départements ont fait part d'une explosion des cas sur leur territoire, à rapprocher du contexte particulier du confinement mis en place pour lutter contre l'épidémie de coronavirus.
Des données fiables pour 2020 pourraient cependant être difficiles à obtenir. L'enquête Cadre de vie et sécurité, qui interroge chaque année des Français sur les faits dont ils ont été victimes, n'a en effet pas pu être menée cette année, crise sanitaire oblige.
Reste qu'une hausse continue du nombre des victimes de violences conjugales n'est quoi qu'il en soit pas à exclure au regard des alertes départementales et celles faites par les associations. La frontière entre violences effectivement plus nombreuses ou plus souvent signalées reste toutefois floue.
Un effet post-Grenelle des violences conjugales ?
Le ministère de l'Intérieur y voit, lui, néanmoins «un possible effet positif du «Grenelle des violences conjugales», organisé entre septembre et novembre 2019, lequel aurait «pu inciter les victimes à davantage déposer plainte».
Cela tout en améliorant la formation des agents «en matière de prise en charge et d’accueil des victimes sur la thématique des violences faites aux femmes».
Enfin, concernant cette fois le nombre de féminicides pour l'année 2019, l’enquête de la délégation aux victimes, rendue publique le 17 août dernier, avait déjà fait état de 146 femmes tuées par leur compagnon ou ex-conjoint, soit une hausse de 21% en un an.