Les régions les plus touchées par le coronavirus lors de cette deuxième vague épidémique ne sont pas les mêmes qu’au printemps dernier. Si l’Île-de-France fait toujours partie des zones où les hospitalisations sont les plus nombreuses, c’est la région Auvergne-Rhône-Alpes qui concentre désormais les inquiétudes.
AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
Avec 7006 patients hospitalisés au jeudi 12 novembre, la région est actuellement la plus touchée par la pandémie. Elle compte plus de 844 patients en service de réanimation. Les départements du Rhône et de la Loire font partie des plus préoccupants.
Selon le directeur de l’Agence régionale de Santé, Jean-Yves Grall, si les données ont tendance à se stabiliser depuis quelques jours, les niveaux de contaminations restent «très lourds», rapporte l’AFP, et la région devrait encore voir le nombre d’hospitalisation augmenter dans les prochains jours.
Déjà surchargés, les hôpitaux de la région se voient dans l’obligation de transférer des patients ailleurs en France vers des structures moins encombrées. Sur l’ensemble de la région, 75 transferts ont déjà eu lieu depuis le début de la deuxième vague, et les autorités pensent monter à 200 transferts d’ici quelques semaines.
Ile-de-France
Avec 1138 personnes en réanimation au 11 novembre, l’Île-de-France reste la région avec le plus de patients dans ces unités. 6651 personnes sont hospitalisées dans la région. Cela reste tout de même pour le moment significativement moins qu’au printemps dernier, lors du pic épidémique, où plus de 13.000 malades étaient hospitalisés dans la région.
Toutefois, toutes les activités chirurgicales ont été déprogrammées pour pleinement mobiliser les soignants dans les services Covid. Le taux d’occupation des services de réanimation approche les 100%, mais les hôpitaux parisiens accueillent cependant quelques patients transférés d’autres régions, et notamment de l’Auvergne-Rhône-Alpes.
Provence-alpes-Côte d'Azur
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui avait été moins touchée lors de la première vague montre aujourd’hui des signes inquiétants, avec 3300 personnes hospitalisées et plus de 512 patients en réanimation. L’ARS a demandé aux hôpitaux de déprogrammer les opérations non urgentes afin de libérer de la place pour accueillir les patients Covid. Sur les 850 lits de réanimation de la région, 760 sont actuellement destinés aux malades du coronavirus.
Lors de son point de situation hebdomadaire du 11 novembre, l’ARS a indiqué : «le pic de décès liés au Covid observé à l’hôpital en avril dernier est plus que dépassé depuis deux semaines (supérieur à 250 par semaine contre supérieur à 150 par semaine en avril.) Cela représente sur la semaine 45 environ 36 décès par jour à l’hôpital.» Plusieurs patients ont par ailleurs été transférés vers les hôpitaux de Bretagne, où les services hospitaliers sont moins chargés.
Hauts-de-France
Lors de la première vague épidémique, la région des Hauts-de-France avait aussi été particulièrement touchée. C’est notamment dans le département de l’Oise que le premier patient français, un professeur de Crépy-en-Valois, est décédé du Covid-19.
Au 12 novembre, 513 personnes sont actuellement en service de réanimation dans la région, et plus de 3000 personnes sont hospitalisées. Les départements les plus touchés sont le Nord et le Pas-de-Calais.
L’Allemagne a par ailleurs proposé à la France d’accueillir des malades dans les services de réanimation des hôpitaux allemands. «Face à l’augmentation continue des hospitalisations en réanimation dans les Hauts-de-France et à la sévérité des cas pris en charge par les équipes médicales, l’agence régionale de santé a répondu favorablement à cette proposition afin d’anticiper les risques de saturation des services», explique l’ARS dans un communiqué. Un premier patient a déjà été transféré de l’hôpital de Valenciennes vers celui de Münster, et les autorités indiquent que d’autres transferts pourraient avoir lieu dans les prochains jours.
Quid de la région Grand Est ?
Dans la région Grand Est, qui avait été l’épicentre de l’épidémie au printemps dernier, la deuxième vague arrive avec un certain «décalage». Au 11 novembre, 303 personnes étaient en service de réanimation, contre 971 le 3 avril dernier, lors du pic épidémique.
Si la situation est pour le moment moins critique qu’en avril, la région a pris la décision le 23 octobre de déclencher le «plan blanc» dans les hôpitaux, par anticipation. «Cette mesure s’inscrit dans la continuité du travail déjà accompli depuis plusieurs semaines par les établissements pour se préparer au rebond épidémique», a expliqué l’ARS.
Les services hospitaliers de la région ne sont pas saturés, mais ils préfèrent anticiper tout risque en envoyant eux aussi des patients vers les hôpitaux allemands.
De manière générale, contrairement à la première vague de l’épidémie qui se concentrait dans certains territoires (Ile-de-France, Grand-Est, Nouvelle Aquitaine), la deuxième vague de l’épidémie touche plus largement toutes les régions de France. Plusieurs explications peuvent être apportées : en premier lieu, la saison. Effectivement, le virus circule plus rapidement en hiver. Le brassage des populations qui a été observé pendant la période estivale, ainsi que le relâchement dans le respect des gestes de barrière à cette période, peut aussi expliquer le rebond de l’épidémie dans des régions qui avaient été plutôt épargnées par le virus.