Et si la troisième était la bonne ? Après 2012 et 2017, Jean-Luc Mélenchon s'apprête à annoncer sa candidature à l'élection présidentielle 2022, qui pourrait être officialisée ce dimanche soir. Assemblée constituante, transition écologique, sortie des traités européens... A quoi ressemblerait la France si le leader de La France insoumise (LFI) était élu à la tête du pays ?
Bien qu'il soit le mieux placé à gauche d'après les derniers sondages, Jean-Luc Mélenchon reste loin du duo de tête composé d'Emmanuel Macron (LREM) et Marine Le Pen (RN). Dans le dernier sondage Ifop pour Le Journal du dimanche et Sud Radio, publié début octobre, le député des Bouches-du-Rhône est crédité de 10 à 15 % des voix selon les scénarios, contre 23 à 26 % pour le chef de l'Etat et 24 à 27 % pour la présidente du parti d'extrême droite. Dans l'hypothèse - plus que probable - où il se présenterait en 2022, son programme ressemblerait probablement beaucoup à celui de 2017, baptisé «L'avenir en commun».
Organiser une assemblée constituante
Finie la Ve République, vive la VIe République ! C'était l'un des points essentiels du programme de Jean-Luc Mélenchon en 2017, et ce le sera encore pour 2022. S'il arrivait au pouvoir, le patron des députés LFI convoquerait une assemblée constituante dans les premiers jours de son mandat pour permettre au peuple français de «se refonder politiquement». Cette assemblée, en charge de la rédaction d'une nouvelle Constitution, serait composée d'une partie de candidats élus et d'une partie de citoyens tirés au sort. Selon Jean-Luc Mélenchon, il est en effet nécessaire de sortir de la logique de «monarchie présidentielle» instituée par la Ve République.
Partager les richesses
Fidèle à sa volonté de mieux répartir les richesses, Jean-Luc Mélenchon s'est engagé à mettre en place, à son arrivée à l'Elysée, une grande réforme de la fiscalité, avec la création d'un système à 14 tranches (contre cinq actuellement). Au pouvoir, l'ancien socialiste mettrait également en place un revenu maximum, avec la création d'une tranche à 100 %, au-delà de 400.000 euros de revenus annuels.
Le Conseil constitutionnel pourait toutefois censurer une telle réforme. En 2012, les Sages avaient déjà retoqué la taxe à 75 % pour les contribuables avec des revenus supérieurs à un million d'euros par an, voulue par François Hollande, jugeant le dispositif «confiscatoire».
Créer un «impôt universel»
Promesse de campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2017, la création d'un «impôt universel» pourrait être reprise par le candidat pour 2022. Cet impôt serait basé sur la nationalité, et non plus sur le lieu de résidence, d'où son nom. Une mesure qui vise à faire participer les Français vivant à l'étranger à la solidarité nationale.
Les citoyens français «devront déclarer partout dans le monde ce qu’ils paient comme impôt à la nation qui les accueille. Il est bien normal qu’ils en paient là où ils se trouvent, car nous pratiquons de même chez nous, mais ils devront déclarer ce montant au fisc, et celui-ci regardera si, après avoir payé cette somme, en France, ils ne devraient pas encore d’argent», avait expliqué Jean-Luc Melenchon lors d'un meeting à Tourcoing (Nord) en janvier 2017. «Qu'on ne me dise pas que ce n'est pas possible, puisque cela se pratique aux Etats-Unis», avait-il ajouté.
Sortir des Traités européens
Sur l'Europe, un seul mantra pour Jean-Luc Mélenchon : sortir des traités européens. Dès son élection, le leader de LFI s'est engagé à réunir ses partenaires européens pour réviser les textes régissant le fonctionnement de l'Union européenne. «Toutes nos misères écologiques et sociales ont leur origine dans le contenu de ces traités. Ils ont figé toutes les politiques économiques dans le dogme absurde de l’ordolibéralisme et de l’atlantisme chers aux gouvernements de la droite et des socialistes que dirige Mme Merkel», a fustigé en mars 2019 le député des Bouches-du-Rhône dans une tribune publiée dans Libération.
Mais le mot d'ordre de Jean-Luc Mélenchon semble avoir changé depuis 2017. De «L'Europe, on la change ou on la quitte», il est passé de «L'Europe, on la change ou on désobéit». En effet, il n'est plus question chez les cadres de LFI de sortir de l'UE si les discussions avec les autres Etats membres échouaient, mais plutôt d'arrêter de respecter les traités et de tenter de construire une Europe parallèle avec d'autres pays.
Assurer la transition écologique
Au pouvoir, Jean-Luc Mélenchon gouvernerait selon les règles de l'«éco-socialisme», une doctrine qu'il a contribué à théoriser. Le député de 69 ans souhaite parvenir à 100 % d'énergies renouvelables d'ici à 2050, en sortant la France du nucléaire, et instaurer la «règle verte», c'est-à-dire ne pas prélever à la nature plus que ce qu'elle peut reconstituer. Il souhaite également mettre en place la planification écologique
: l'inventaire à long terme des besoins des Français et des capacités productives du pays.
Revoir la diplomatie française
Il souhaite que la France redevienne «indépendante» des Etats-Unis. S'il était amené à prendre le pouvoir, Jean-Luc Mélenchon se détacherait de l'allié américain, d'abord en quittant l'Otan. Puis en retrouvant une présence plus forte au sein de l'ONU et en menant une politique «plus équilibrée» vis-à-vis de la Russie et des pays du pourtour méditerranéen.
Réduire la consommation de viande des Français
Déjà évoquée lors de ses deux précédentes campagnes, cette mesure devrait de nouveau faire partie de son programme pour 2022. Le leader de La France insoumise souhaite «réduire la part des protéines carnées dans l'alimentation au profit des protéines végétales», comme il est écrit dans son livre-programme de 2017 «L'avenir en commun». Selon lui, réduire la viande permettrait d'améliorer la santé des Français tout en faisant du bien à l'environnement et en réduisant les souffrance animales.