Mis en place en juin 2009 par le ministère de l'Intérieur, Pharos, qui signifie «plate-forme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements», est un outil grâce auquel les internautes peuvent signaler des contenus illicites. Comment fonctionne ce dispositif ? Et quel a été son rôle dernièrement dans l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine ?
Concrètement, lorsqu'un internaute découvre un contenu illicite (Pédophilie, incitation à la haine raciale, menace ou incitation à la violence, mise en danger de la vie d'autrui, ou encore escroqueries, entre autres), ce dernier peut se rendre sur la plate-forme Pharos pour le signaler aux autorités (lien ICI ou via l'url internet-signalement.gouv.fr).
Une fois connecté à la plate-forme, quelques clics suffisent. Via un formulaire dédié, l'internaute indique ainsi la date à laquelle il a été confronté au contenu illicite, le type d’infraction constaté, le site concerné, et ajoute un lien vers le contenu en question.
Bon à savoir : Pharos ne sert pas uniquement aux messages publiés sur les réseaux sociaux, mais concerne plus largement tous les contenus illicites publiés sur Internet. Cela vaut donc également pour un site, un blog, un forum, un chat, etc.
des forces de l'ordre dédiées
Que se passe-t-il une fois le signalement effectué ? Celui-ci est analysé par une équipe de policiers et de gendarmes spécialement affectés à la plate-forme Pharos.
La première étape va consister pour eux à vérifier d'abord que les contenus signalés sont vraiment illicites. Si c’est effectivement le cas, les agents vont alors alerter les services compétents. Une enquête peut également être ouverte sous l’autorité du procureur de la République.
Pharos est bien sûr en lien avec les grands noms des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, à qui la plate-forme demande régulièrement de supprimer des contenus pédopornographiques ou faisant l’apologie du terrorisme, comme cela a été le cas récemment dans l'attentat ayant conduit à la mort de Samuel Paty.
Comment est intervenu Pharos dans l'affaire Paty ?
Dans l'affaire de cet enseignant d'histoire-géographie décapité le 16 octobre dernier par un terroriste islamiste à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), Pharos a reçu plusieurs signalements.
Le compte du terroriste tchétchène avait d'ailleurs même été déjà signalé en juillet dernier, suivant une information du Monde révélée lundi et confirmée depuis.
Comme pour toutes les affaires liées au terrorisme, l'information avait alors été remontée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Après l'attentat, Pharos a en outre «identifié 80 messages qui soutiennent l’action de l’agresseur», a déclaré l’Elysée dimanche.
Ce faisant, dès le lendemain, la police a lancé une vaste opération de contrôle des personnes ayant publiquement soutenu l’assaillant sur les réseaux sociaux.
Suivant les textes en vigueur, les messages de soutien au terroriste sont des délits passibles de peine de prison et d’amende très élevées (jusqu'à sept ans d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende).
Une autre question se pose, celle des vidéos ayant appelé à la mobilisation contre l’enseignant. Figurent parmi elles, celle d'un père d'une élève qui n'était même pas dans la classe de Samuel Paty.
Ces vidéos relevaient-elles de la compétence de Pharos ? Aujourd'hui, non. Les insultes, propos diffamatoires et harcèlement relèvent en effet «de la compétence du commissariat de police ou de la brigade de gendarmerie de votre lieu d’habitation et non de Pharos», précise le site du ministère de l'Intérieur. Samuel Paty avait d’ailleurs porté plainte pour diffamation.
Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la citoyenneté, s’est rendue lundi sur le site de Pharos, à Nanterre (Hauts-de-Seine), pour étudier les possibilités d’amélioration de détection des contenus haineux en ligne.