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Paris : une rentrée agitée pour Anne Hidalgo

La maire de Paris sort d'un été difficile, marqué par le départ polémique d'un de ses proches.[© ERIC PIERMONT / AFP]

Après un été brûlant, la rentrée ne semble pas annoncer une baisse des température pour Anne Hidalgo. Entre une majorité à recoller, des attaques politiques qui se renforcent et la reprise de l'épidémie du coronavirus, la mairie de Paris est déjà en effervescence.

Quelques jours à peine après la victoire plutôt probante d'Anne Hidalgo lors des élections municipales fin juin, l'explosion de l'affaire Girard (le départ de son adjoint soupçonné de liens avec le pédocriminel suspecté Gabriel Matzneff) a secoué l'Hôtel de Ville. Elle a en effet causé une fracture dans la majorité municipale, entre les alliés socialistes et écologistes. Au risque de couper Anne Hidalgo d'une partie de ses soutiens et de mettre en péril sa gouvernance.

Depuis, Christophe Girard a quitté sa fonction d'adjoint à la culture et s'est «mis en retrait» de son mandat de conseiller de Paris. Ce qui fait encore grincer certaines dents, puisqu'il n'a pas démissionné. «Nous ne pouvons pas forcer un élu à le faire, légalement. Il faut que ce soit un choix personnel ou une décision de justice», justifie à CNews Rémi Féraud, le président du groupe d'Hidalgo (Paris en Commun) au conseil de Paris.

le calme après la tempête ?

C'est d'ailleurs ce proche de la maire socialiste qui a demandé à Christophe Girard de se mettre en retrait, «après l'ouverture de l'enquête» pour agression sexuelle courant août. «Des accusations dont nous n'avions pas le début du moindre indice au mois de juillet», précise Rémi Féraud. «Mais maintenant, il n'y a plus de problème Christophe Girard», prêche-t-il.

Les esprits supposément apaisés par les vacances, l'heure est en effet à la détente entre roses et verts. «Nous nous apprécions avec les écologistes, nonobstant ce qu'il s'est passé. Nous discutons beaucoup et avons envie de travailler ensemble», souligne Emmanuel Grégoire, le premier adjoint de la maire. Sur le grill après avoir été à l'origine du départ de Girard, les élues EELV Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu sont finalement toujours dans le groupe EELV. Et donc, de fait, dans la majorité d'Anne Hidalgo. «Ce n'est pas nous qui choisissons la composition du groupe écologiste», fait remarquer le bras droit de la socialiste.

Il y a eu des moments difficiles pour la majorité pendant l'étéDavid Belliard, adjoint écologiste d'Anne Hidalgo

«Il y eu divergences fortes, de valeurs, sur la conception de la politique et l'exemplarité de l'élu. Il y a des moments difficiles pour la majorité pendant l'été», reconnaît David Belliard, le leader des écologistes parisiens. Mais celui qui est désormais l'adjoint d'Anne Hidalgo chargé de la transformation de l'espace public est diplomate : «Nous ne serons pas tous d'accord, mais nous devons dépasser les divergences pour trouver des solutions. Nous avons tous en tête la nécessité de répondre aux grands enjeux pour lesquels nous avons été élus». Cela tombe bien, car la maire a impérativement besoin de ses alliés EELV pour avoir la majorité au conseil de Paris et être en capacité de gouverner.

Anne Hidalgo a d'ailleurs profité de l'été pour procéder à un remaniement technique dans son cabinet. Une nouvelle secrétaire générale a été nommée, tandis qu'une dizaine de conseillers techniques (sur 30 au total) ont été remplacés. «Un renouvellement» qui permettra d'apporter «un nouveau souffle», réagit-on dans l'entourage de la maire, après un premier mandat qui n'a pas été de tout repos. Et la socialiste aura besoin de toute l'énergie de son entourage pour faire face au défi du coronavirus.

La confusion du masque obligatoire

Installation de barnums de tests gratuits, piétonnisation des abords d'écoles... La nouvelle équipe municipale se met déjà en action. Mais la mécanique doit encore être affinée, comme le prouve la récente gestion de la généralisation du masque obligatoire. L'exécutif s'est enferré dans un imbroglio avec la préfecture de police au sujet des consignes particulières à appliquer. Pour les cyclistes, les fumeurs, les joggeurs ? De quoi déconcerter les Parisiens et accroître la cacophonie entourant le coronavirus.

En parallèle, au même rythme que les kilomètres de nouvelles coronapistes cyclables prennent forme, l'Hidalgo-bashing ressuscite en cette rentrée. «On observe la résurgence d'une forme de violence vis-à-vis de notre majorité, d'Anne Hidalgo et des écologistes», pointe David Belliard. Selon l'adjoint EELV, ces détracteurs «sont toujours les mêmes, les défenseurs conservateurs d'un ancien monde, qui refusent qu'on sorte d'un modèle de ville encore trop lié à la voiture. Pourtant, nous n'avançons pas cachés, nous faisons ce pour quoi nous avons été élus».

Autre reproche qui a ressurgi, après les débordements en marge des matchs du PSG et l'actualité nationale : l'insécurité à Paris. «La sécurité est de la responsabilité de l'Etat. De plus, la droite et LREM se sont unies au Parlement depuis deux ans pour empêcher la création de la police municipale parisienne. Benjamin Griveaux ne voulait pas que cela avance avant les municipales», regrette Rémi Féraud. Mais le patron des socialistes de la capitale se veut optimiste : «Le ministre de l'intérieur [Gérald Darmanin] a dit à Anne Hidalgo qu'il voulait désormais avancer le plus vite possible. Nous espérons que le processus sera engagé d'ici à la fin de l'année».

Des sujets sur lesquels Rachida Dati s'affirme déjà dans son rôle de «première opposante». L'ancienne candidate LR aux municipales et son entourage ne manquent pas une occasion de blâmer l'équipe municipale. «Cette rentrée est dans la continuité de tout ce que nous dénoncions durant la campagne et dans l'accélération du déclin de Paris. La délinquance continue d'exploser, le problème de la saleté demeure, l'espace public devient encore plus conflictuel avec les extensions des terrasses qui engendrent des nuisances sonores, les coronapistes sont une nuisance visuelle... Et la mairie continue à se défausser sur tous ces sujets», tacle sévèrement Nelly Garnier, conseillère LR de Paris et proche de Rachida Dati.

Alors face aux critiques, un seul mot revient dans toutes les bouches à l'hôtel de ville : «travail, travail, travail». Un mantra qui deviendra vraiment une réalité après les ultimes arbitrages en cours concernant les feuilles de route des adjoints de la maire, c'est-à-dire leurs missions respectives pour les six ans à venir. Celles-ci seront rendues publiques dans les prochaines semaines. Avant le premier gros morceau de la mandature, les états généraux du stationnement, qui devraient avoir lieu fin octobre, début novembre.

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