Inconnue du grand public il y a encore quelques mois, la militante féministe et élue EELV de Paris, Alice Coffin, est au coeur d'une nouvelle polémique. En cause : la parution, mercredi 30 septembre, de son premier livre. Un pamphlet considéré misandre baptisé «Le génie Lesbien» (Ed. Grasset). Portrait.
Agée de 42 ans, Alice Coffin a eu une première carrière dans le journalisme, avant de faire une entrée fracassante en politique, en poussant à la démission, en juillet dernier, le maire-adjoint de Paris à la Culture, Christophe Girard, acculé pour ses liens passés avec l'écrivain Gabriel Matzneff, mis en cause pour viols sur mineurs.
Christophe Girard se verra ensuite lui-même visé pour une enquête préliminaire pour viol, après avoir été accusé par un homme d'agressions sexuelles.
Une ex-journaliste passée par le militantisme
Gardant jusqu'à très récemment un pied dans le journalisme pour avoir enseigné, depuis 2012, ce métier à l'Institut catholique de Paris, Alice Coffin n'a toutefois pas été reconduite à la rentrée. Elle reste néanmoins membre de l'AJL, l'Association des journalistes lesbiennes, gays, bi(e)s et trans, organisation qu'elle avait d'ailleurs cofondée en 2013.
Très impliquée sur les questions LGBT, elle a récemment vu ressortir des images de 2018, où elle déclarait sur la chaîne russe RT, lors d'une mobilisation contre la PMA que «de ne pas avoir de mari» l'exposait «plutôt à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée».
Née en 1978 à Toulouse, où ses deux parents étudiaient l'aéronautique, cette aînée d'une fratrie de six enfants a ensuite grandi dans le douzième arrondissement de la capitale.
Après des classes préparatoires au lycée Condorcet (8e), Alice Coffin a obtenu une licence de philosophie et a poursuivi ses études à Sciences-po Bordeaux et au Centre de formation des journalistes (CFJ). Elle a, par la suite, également étudié aux Etats-Unis le «traitement des questions LGBT dans les médias» grâce à une bourse Fulbright puis travaillé quelques années pour le quotidien 20 minutes.
Elle entre dans l'activisme en 2010 en rejoignant sa mère, Colette, dans le collectif La Barbe, où les militantes s'introduisent grimées de fausses barbes dans des réunions essentiellement composées d'hommes (assemblées générales d'entreprises, conférences) pour y dénoncer la domination masculine des lieux de pouvoirs.
En 2019, Alice Coffin et d'autres militantes de La Barbe avaient ainsi perturbé un événement organisé à Paris par l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, avant d'en être violemment expulsées.
Un premier livre explosif
Erigée depuis «en nouvelle harpie du féminisme» par le magazine de la droite réactionnaire, elle fait maintenant paraître un pamphlet, Le Génie Lesbien, dans lequel elle revendique notamment le fait d'avoir boycotté les artistes masculins.
Alice Coffin, branchée sur sectaire https://t.co/3zkJ3ekJbU pic.twitter.com/BB9j3Sr1n9
— Paris Match (@ParisMatch) October 2, 2020
Dans cet ouvrage considéré misandre, elle explique ainsi ne plus lire de livres écrits par les hommes, ne plus de ne plus regarder de films réalisés par ces derniers, ni écouter de musique composées par eux, ou du moins «essayer» de moins considérer leurs oeuvres.
Assimilant certains hommes à des «assaillants», elle exhorte les femmes à ne pas seulement «s'entraider», mais lance «qu'il faut à notre tour les éliminer de nos esprits, de nos images, de nos représentations».
Dans les colonnes de Paris Match, sa consoeur Pauline Delassus, elle-même ouvertement lesbienne et journaliste, juge le livre sévèrement.
«Chez Alice Coffin» écrit-elle, «la différence est vue comme une menace quand elle est masculine. Pour elle, les hommes sont tous à mettre dans le même sac».
Toujours dans Paris Match, la féministe Caroline Fourest, qui a elle-même milité dans le passé aux côtés d'Alice Coffin, s'inquiète de son côté de «cette approche essentialiste, binaire et revancharde qui abîme des années de révolution subtile et flatte les clichés antiféministes».
Pour les deux femmes, le pamphlet féministe d'Alice Coffin est en résumé «si outrancier qu’il dessert finalement la cause qu’il prétend défendre».