Faire une courte sieste à la mi-journée est bien plus efficace qu'une simple pause pour éviter, lors d'un long trajet en voiture, la somnolence d'après déjeuner, selon une étude clinique publiée ce samedi 18 juillet.
Pour en arriver à cette conclusion, le chronobiologiste Damien Davenne, professeur à l'université de Caen, a demandé à quarante «bons dormeurs» (au moins 8 heures de sommeil la veille) d'effectuer un trajet autoroutier monotone (sans trafic, avec interdiction de quitter leur voie) sur un simulateur de conduite, avec des électrodes mesurant plusieurs variables cognitives (fatigue, somnolence, vigilance, anxiété).
Ce trajet était séquencé en deux fois deux heures de conduite, entrecoupé d'une heure de pause comprenant un déjeuner identique pour chaque participant. Lors de cette pause, un premier groupe a effectué une sieste dans un lit après la collation, un deuxième a dormi sur le siège incliné du véhicule et un dernier s'est contenté d'une simple pause, en restant assis et éveillés.
Résultat, après à peine 20 minutes de conduite l'après-midi, le niveau de fatigue des personnes n'ayant pas dormi est supérieur à ce qu'il était après 2 heures de route le matin. A l'inverse, pour les conducteurs ayant fait une sieste, «même après 2 heures de conduite, le niveau de fatigue reste inférieur à celui enregistré après les 2 heures de conduite du matin», note l'étude, financée par la Fondation Vinci Autoroutes, ajoutant que la sieste sur un siège est légèrement moins efficace que celle faite dans un lit.
Les mêmes bienfaits de la sieste sont observés lorsque l'on analyse la vigilance et la somnolence. Les sujets ayant dormi après le déjeuner sont plus vigilants que les autres (+21 % après 1 heure de conduite) et somnolent moins (-39 % après 1 heure).
L’étude faite par l’unité mixte de recherche COMETE de @Inserm/@Universite_Caen pour la @FondationVA démontre l'efficacité d’une #sieste, sur un siège de #voiture ou dans un lit : ses bénéfices sont bien supérieurs à ceux de la pause sans #sommeil
— Fondation VINCI Autoroutes (@FondationVA) July 18, 2020
Dix à quinze minutes de sieste suffisent
La somnolence étant la première cause d'accidents mortels sur autoroute (23 %) selon l'Association des sociétés françaises d'autoroute (ASFA), l'absence de sieste à la mi-journée augmente par conséquent le risque d'accident. Pendant les deux heures qui suivent l'arrêt, les déviations latérales du véhicule (zigzags synonymes de perte de vigilance voire de somnolence) des sujets n'ayant pas dormi sont supérieures de 21 % à celles de ceux ayant fait une sieste. L'écart monte même à +80 % entre les 40e et 50e minutes qui suivent la reprise du volant.
«Les résultats confirment qu'il y a bien une baisse de vigilance ''naturelle'' en début d'après-midi et attestent de l'efficacité de la sieste comme contre-mesure à cette baisse de vigilance et à l'augmentation de la fatigue», explique dans l'étude Damien Davenne, par ailleurs directeur du laboratoire COMETE de l'Inserm et de l'université de Caen, dédié aux mobilités.
«Derrière tout ça il y a l'horloge centrale, qui pilote une phase d'hypovigilance (état intermédiaire entre la veille et le sommeil, pendant lequel les facultés d'analyse et d'observation sont réduites) en début d'après-midi, pour permettre de dormir si on le souhaite», explique-t-il à l'AFP, précisant qu'une sieste de dix à quinze minutes après le déjeuner suffit pour éviter la somnolence et la fatigue. «Après entrent en jeu des mécanismes d'inertie de sommeil (se réveiller encore endormi) préjudiciables à la conduite», indique-t-il.
Cette pratique, «primordiale» lors des longs trajets selon Damien Davenne, est déjà une habitude pour plus de six Français sur dix. En effet, 63 % disent s'arrêter au cours de leur trajet pour faire une sieste, selon le Baromètre de la conduite responsable 2020, réalisé par Ipsos et publié par la Fondation Vinci Autoroutes au début du mois.