Ils voulaient confirmer leur percée des Européennes en conquérant le maximum de grandes villes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le pari est réussi. Tours, Poitiers, Besançon, Annecy et surtout Bordeaux et Lyon, de nombreuses places fortes sont tombées aux mains d'élus écologistes, ce dimanche 28 juin, à l'issue du second tour des municipales 2020.
L'eurodéputé EELV Yannick Jadot n'a pas caché sa joie devant cette déferlante verte en saluant la venue d'une «espérance autour d’un beau projet écologiste».
«Ce qui a gagné ce soir, me semble-t-il, c’est la volonté d’une écologie concrète, d’une écologie en action», s’est-il félicité à la télévision.
Mais si la victoire est nette, elle s'explique aussi de nouveau par une participation en berne, sur fond de crise sanitaire, s'élevant entre 40 % et 41 %, selon les estimations, alors qu'elle était de 62,1 % en 2014.
Qu'à cela ne tienne, les municipales 2020 sont résolument vertes marquées par des prises historiques.
A Lyon, le candidat écologiste Grégory Doucet a remporté la mairie face au candidat LR. De son côté, l'écologiste Bruno Bernard a revendiqué sa victoire à la métropole.
A Bordeaux, l'écologiste Hurmic devance de peu Florian (LR/LREM).
À Strasbourg, la candidate écologiste, Jeanne Barseghian, dépasse largement Alain Fontanel (LR) et Catherine Trautmann (PS). Elle a obtenu 42,5 % des voix contre 34,3 % et 23,2 %, contre ses adversaires respectifs.
Même son de cloche à Annecy (Haute-Savoie), où alors que la gauche n'avait plus gagné depuis 1945, le candidat écologiste François Astorg a battu, de 27 voix seulement, le maire sortant (UDI) Jean-Luc Rigaut.
À Besançon (Doubs), l'écologiste Anne Vignot a largement remporté la victoire face aux deux listes du centre et de la droite. À Tours (Indre-et-Loire), le candidat Emmanuel Denis fait également tomber la ville des châteaux de la Loire dans l'escarcelle des écologistes.
«Les Verts ont gagné dans des villes énormes en termes d’image », analyse Frédéric Dabi, politologue et directeur général adjoint de l’institut de sondage Ifop. «EELV est clairement devenu un parti local».
Macron entend apporter des «réponses fortes
En 2014, le maire de Grenoble Éric Piolle avait été le premier écologiste à prendre les rênes d'une ville de plus de 100.000 habitants. Les résultats dans cette ville doivent tomber plus tard dans la nuit mais seront à coup sûr très commentés.
Et cette vague verte pourrait avoir des conséquences concrètes sur le plan national, et ce très rapidement. Alors qu'il doit recevoir, ce lundi 29 juin, les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), le président de la République Emmanuel Macron a en effet fait savoir qu'il entendait apporter des «réponses fortes» et «à la hauteur des enjeux et des attentes».
Née de la crise des gilets jaunes et du Grand débat national qui s'en est suivi, cette assemblée inédite constituée de quelque 150 membres, a fait une proposition très remarquée parmi les 149 qu'elle a formulées : celle d'abaisser à 110 km/h la vitesse maximale sur les autoroutes, contre 130 km/h aujourd'hui. Une proposition rejetée à 74 % des Français, selon un sondage.
La réponse du président pourrait également s'illustrer à travers le remaniement ministériel, attendu selon plusieurs sources à la fin de la semaine.