La candidate LREM aux municipales à Paris, Agnès Buzyn, est sortie pour la première fois de son silence, présentant ses excuses pour avoir évoqué une «mascarade», et a esquissé les contours de sa stratégie, refusant toute alliance avec LR avant le second tour.
«Le mot 'mascarade' était certainement trop fort», relève l'ex-ministre de la Santé, qui s'exprime pour la première fois publiquement, dans une interview au Figaro publiée mercredi 27 mai au soir et qui a répété ses propos jeudi 28 mai au matin sur France Inter.
.@Agnès Buzyn : "Les Français ont peur et je les comprends, nous n'étions pas suffisamment tous préparés à un tel drame" #le79inter pic.twitter.com/iPG6OCs7Dk
— France Inter (@franceinter) May 28, 2020
«Je m'excuse d'avoir utilisé ce mot», ajoute-t-elle après la publication de ses propos par Le Monde, le 17 mars. Mais, «j'ai été choquée de ces tractations inappropriées» alors que l'épidémie de coronavirus progressait, poursuit la Marcheuse, expliquant avoir eu, à l'époque, «l'intime conviction que le second tour ne pourrait pas avoir lieu».
«Ce n'était pas une certitude. Mais un pressentiment, une intuition forte», ajoute l'hématologue de formation dans cet entretien.
«Je suis totalement déterminée» affirme Agnès Buzyn
Après plusieurs rebondissements, annulations de conférence avec ses colistiers, la candidate LREM a finalement annoncé mardi 26 mai à la mi-journée rester candidate à la mairie de Paris.
«Je suis totalement déterminée. J'ai décidé de maintenir ma candidature par conviction, parce que j'ai toujours souhaité m'engager pour Paris, et pour toutes les personnes qui souhaitent cette troisième voie», confirme-t-elle.
La mise au point survient à quelques jours du dépôt des listes, fixé au 2 juin, alors que la tache semble ardue dans la capitale pour le parti présidentiel : Agnès Buzyn, arrivée troisième du premier tour le 15 mars avec 17,3 % des voix, loin derrière la maire PS sortante, Anne Hidalgo (29,3 %) et la candidate LR Rachida Dati (22,7 %), manque d'une dynamique dans les arrondissements importants, et d'alliances.
De faibles chances d'être élue maire de Paris
«C’est un bon score par rapport à un match gauche-droite dans lequel certains ont voulu nous enfermer. Il y a bien une troisième force», se défend Agnès Buzyn, qui a remplacé au pied levé Benjamin Griveaux, démissionnaire après la divulgation d'une vidéo intime.
Interrogée sur ses faibles chances de devenir maire de Paris, la candidate promet de «tout faire pour faire gagner», sans apporter plus de précisions.
«La majorité présidentielle doit peser au Conseil de Paris», tonne Agnès Buzyn. Une mission impossible, selon une alliée, qui estimait que le parti de la majorité présidentielle «pourrait n'obtenir que 10 sièges de conseillers de Paris sur 163».
Des alliances LREM-LR au cas par cas ?
Face à la difficulté, certains travaillent à de nouvelles alliances à l'instar de la candidate dans le 5e arrondissement, Florence Berthout, ralliée à LREM, qui doit officialiser prochainement son alliance avec son ancienne famille politique, Les Républicains, ont rapporté des sources concordantes.
Pas de quoi y voir une alliance globale : «Il n'y aura aucun accord d’appareil. Nous aurons une tête de liste dans chaque arrondissement», assure Agnès Buzyn, qui promet de représenter «l'opposition» si Rachida Dati (LR) est élue maire de Paris.
Le président des Républicains Christian Jacob a lui estimé qu'Agnès Buzyn n'avait «plus de crédibilité» et que «l'alternative c'est Rachida Dati».
Nouvelle main tendue à Cédric Villani
Pour peser, Agnès Buzyn tend de nouveau la main au candidat ex-LREM, Cédric Villani (qui a obtenu 7,8% au premier tour), après des tractations infructueuses avant le premier tour.
«C'est l'heure de nous retrouver», dit-elle, «nos électeurs ont envie d'apaisement et de rassemblement». Les discussions entre les deux camps «avancent bien», a assuré un proche d'Agnès Buzyn.
Chez les Villanistes, l'heure est au choix entre ceux qui veulent s'allier avec LREM et ceux qui souhaitent rejoindre Anne Hidalgo.
En attendant le scrutin, l'ancienne ministre de la Santé, qui sera peut-être entendue dès juin, doit également préparer son audition devant les commissions d'enquête parlementaires sur la gestion de l'épidémie de Covid-19.
«J'ai confiance», assure la candidate, qui, depuis ses déclarations, bénéficie d'une protection policière, qui devrait être plus présente à l'occasion de la campagne.