Alors que le pays vient tout juste d’entamer son déconfinement, comment les consommateurs d'alcool et les fumeurs ont-ils géré cette période d’enfermement ? Pour le savoir, Santé publique France a mené une vaste étude depuis la mise en place des mesures restrictives, instaurées le 17 mars dernier, dont les résultats viennent d'être rendus publics ce mercredi 13 mai.
Selon cette enquête, menée entre le 30 mars et le 1er avril dernier, il apparaît tout d’abord que de grandes différences existent concernant l’alcool.
Parmi les buveurs interrogés, 11 % déclarent ainsi que leur consommation d'alcool a augmenté depuis le confinement, et une écrasante majorité (65 %) estime qu'elle est restée stable sur la période.
Mais plus étonnant encore, près d'un quart des Français (24 %) affirment que leur consommation d'alcool a, au contraire, diminué depuis le début du confinement.
Une donnée qui pourrait ne pas être étrangère au fait que les bars, restaurants et discothèques sont fermés.
Pour rappel, ces établissements ont d'ailleurs été les premiers à devoir baisser le rideau, le 14 mars dernier, soit trois jours avant l'ensemble des autres commerces, et tous maintiennent encore aujourd'hui leurs portes fermées (leur réouverture n'est pas envisagée au mieux avant la mi-juin).
De fait, beaucoup de Français pourraient avoir diminué leur consommation d'alcool simplement parce qu'ils avaient moins la possibilité de se réunir autour d'un verre et qu'ils ne peuvent d'ailleurs toujours se rendre dans un endroit dédié pour trinquer.
Les parents d'enfants boivent davantage
Mais si la proportion de ceux qui déclarent avoir augmenté leur consommation d'alcool est moindre (11 %), dans le détail, l'étude de Santé publique France fait part de données riches d'enseignement.
L'enquête montre par exemple que, parmi eux, 51 % déclarent avoir augmenté leur fréquence de consommation, 10% le nombre de verres bus les jours de consommation et 23 % les deux paramètres.
Autre enseignement : l'augmentation de la consommation d'alcool est plus fréquemment mentionnée par les moins de 50 ans (entre 14 % et 17 % selon les classes d'âge), les individus vivant dans une ville de plus de 100.000 habitants (13 % contre 9 % des habitants d’agglomérations de moins de 100.000 habitants) et les parents d'enfants de moins de 16 ans (18 % contre 8 % des répondants n’ayant pas d’enfant de moins de 16 ans), ce qui montre, une fois encore, que le confinement avec des enfants ou des adolescents est loin d'être évident.
Cinq cigarettes de plus en moyenne par jour
Du côté des fumeurs, environ un quart (27 % très exactement) ont augmenté leur consommation de tabac.
Un peu plus d'un fumeur sur deux (55 %) déclarent quant à eux que leur consommation est restée stable depuis le début du confinement.
Et, à l'inverse, un peu moins de deux fumeurs sur dix (19 %) répondent qu'elle a diminué.
Parmi ceux qui fument tous les jours (94 % du panel interrogé), cette hausse représente en moyenne cinq cigarettes de plus par jour.
Enfin, en termes d'âge, la hausse de la consommation de tabac est plus marquée chez les 25-34 ans (41 %) et les personnes qui travaillent à domicile (37 %).
ENNUI, STRESS, BESOIN DE PLAISIR... PRINCIPAUX FACTEURS DE LA SURCONSOMMATION
«L'ennui, le manque d'activité, le stress et le plaisir sont parmi les principales raisons mentionnées par les fumeurs ou usagers d’alcool ayant augmenté leur consommation», indique Viêt Nguyen Thanh, responsable de l’unité addictions à la direction de la prévention et de la promotion de la santé à Santé publique France.
«On note également que l’augmentation aussi bien pour le tabac que pour l’alcool est corrélée au risque d'anxiété et de dépression», constate en outre le spécialiste.