Une libido en mode pause. Le confinement, mis en place le 17 mars dernier pour lutter contre le coronavirus, vient chambouler la sexualité des Français. Ils sont ainsi 44 % à affirmer ne pas avoir eu de rapports sexuels au cours des quatre dernières semaines, selon une étude, contre 26 % précédemment. Et c'est loin d'être le seul résultat intéressant...
Dans le cadre de cette vaste enquête de l'institut de sondages Ifop, opérée du 24 au 27 avril dernier, pour Charles.co, plate-forme internet dédiée à la santé sexuelle des hommes, on apprend ainsi que si cette baisse de l'activité sexuelle concerne, sans surprise, davantage les célibataires, les personnes en couple ne sont pas non plus en reste.
Dans le détail, alors que 87 % des célibataires n'ont pas eu de rapports sexuels au cours des quatre dernières semaines, contre 56 % avant le confinement, cette proportion monte à 21 % chez les personnes en couple vivant sous le même toit, alors qu'elle n'était que de 10 %, avant les restrictions mises en place.
Un contexte favorable aux tensions dans le couple
«La chute de l’activité sexuelle des Français n’a pas altéré uniquement les célibataires qui se sont retrouvés, par la force des choses, dépourvus de partenaire, mais a également affecté les personnes en couple devant supporter la promiscuité et des conditions de vie multipliant les risques de tensions et disputes conjugales», analyse ainsi, à la lecture de ces résultats, François Kraus, directeur du pôle Genre, Sexualités et Santé sexuelle à l'Ifop.
A y regarder de plus près, la raison principale évoquée par les femmes pour justifier l’éloignement de leur partenaire reste d'ailleurs à trouver autour des disputes liées aux tâches ménagères (24 %).
Mais, selon le spécialiste, ce phénomène de baisse d'activité sexuelle s'inscrit surtout dans un contexte beaucoup plus large, puisque le confinement - période incertaine et inédite dans l'histoire récente - paralyse l'activité humaine dans son ensemble.
«On observe ainsi pour l’activité sexuelle des Français pendant le confinement, le même phénomène de rétractation de l’activité et des échanges que ceux que l’on a pu observer pour l’activité économique ou dans les interactions sociales», explique François Kraus.
Seuls 26 % des Français se disent satisfaits de leur vie sexuelle
Autre enseignement : si les Français ont moins de rapports, le regard qu'ils posent sur leur vie sexuelle n'est pas non plus des plus réjouissants.
Au global, seulement 26 % des sondés se déclarent satisfaits de leur vie sexuelle, contre 30 % avant le confinement. La tendance est même plus forte chez les personnes en couple (32 % contre 39 %, en baisse de sept points), que chez les célibataires (9 % contre 13 %).
42 % des sondés indiquent s'être masturbés pendant le confinement
Le contexte très particulier du confinement fait également que les Français n'ont pas la tête à s'adonner aux plaisirs solitaires.
L'étude révèle ainsi que seuls 42% des Français déclarent s’être masturbés au moins une fois pendant le confinement. Une proportion moins forte chez les personnes en couple vivant sous le même toit (35%), comparée aux célibataires (53%).
L’insatisfaction apparaît en outre comme un facteur aggravant puisque 54 % des personnes insatisfaites de leur vie sexuelle affirment avoir pratiqué la masturbation durant le confinement.
48 % des moins de 25 ans ont besoin de réconfort
Mais en vérité, ce que l'étude révèle, c'est qu'à défaut de sexe, ce dont les Français ont surtout besoin dans la période (troublée) actuelle, c'est d'un gros besoin de réconfort.
Depuis la mise en place du confinement, 26 % des sondés affirment avoir déjà eu besoin d’un gros câlin ou d’affection. Un besoin qui atteint même les 48 % chez les jeunes de moins de 25 ans interrogés.
«Globalement, la période de confinement semble avoir été principalement traduite par une demande de réconfort affectif que par une exacerbation de la libido. Ceci s’explique notamment par l’impact du confinement sur l’état psychologique des Français», observe donc François Kraus.
Chez les jeunes, ce besoin de soutien face à l'époque actuelle les pousse même à chercher du réconfort sur la toile : 30 % des jeunes célibataires de moins de 25 ans reconnaissent avoir déjà eu des échanges avec des inconnus rencontrés sur Internet depuis le confinement.
25 % des personnes en couple vivant séparément ont transgressé le confinement
Enfin, ce que l'étude révèle également, c'est que le confinement peut aussi parfois rimer avec «piquant», quand bien même cela se fait au mépris des règles sanitaires censées contenir la pandémie de coronavirus.
Ainsi, depuis la mise en place du confinement, 25 % des personnes en couple vivant séparément ont déjà accueilli à leur domicile un conjoint ou partenaire sexuel, révèle l'étude.
Une transgression que l’on retrouve également chez les célibataires de 25 à 35 ans, qui sont 21 % à confesser s’être déplacés pour retrouver un conjoint/partenaire sexuel à leur domicile ou dans un lieu public.
Mais parmi les couples vivant séparément, le confinement semble aussi propice aux interactions extraconjugales. L'étude souligne ainsi que 25 % des Français vivant en couple séparément affirment avoir déjà eu des échanges avec d’anciens conjoints ou ex-partenaires sexuels durant le confinement.
De plus, 27 % des hommes en couple vivant séparément avouent avoir eu des échanges avec des personnes rencontrées sur internet et qu’ils ne connaissaient pas ou presque avant le confinement.
Par rapport à Internet, le confinement n'aurait «qu'accélérer la digitalisation de la sociabilité sexuelle et affective des Français, même si celle-ci était déjà en cours, comme observé lors de l’éclatement de l’affaire Benjamin Griveaux», note enfin François Kraus.