A partir du lundi 1er juin, les conditions de prise en charge du chômage partiel ne seront plus les mêmes. Ainsi, si la rémunération pour les salariés reste inchangée, les entreprises, elles, vont devoir assumer 15 % du dispositif.
Pour rappel, «la prise en charge de l'activité partielle», pour reprendre les termes du gouvernement, avait été mise en place au début du confinement imposé par la crise sanitaire, à la mi-mars, pour soutenir les entreprises à l'arrêt, et éviter une vague de licenciements massifs en pleine pandémie de coronavirus.
Jusqu'au 31 mai, les salariés du privé mis au chômage partiel bénéficient ainsi d'une garantie de 84 % de leur salaire net (100 % au niveau du SMIC) que l'État et l'assurance chômage remboursent intégralement aux employeurs, dans la limite de 4,5 SMIC.
«LES SALARIÉS NE PERDRONT RIEN»
Dans un communiqué daté du 25 mai, le ministère du Travail explique à présent - l'activité économique reprenant progressivement - qu'à partir du 1er juin, «la prise en charge de cette indemnité par l’Etat et l’Unédic sera de 85 % de l’indemnité versée au salarié, dans la limite (inchangée) de 4,5 SMIC».
«Les entreprises seront ainsi remboursées de 60 % du salaire brut, au lieu de 70 % précédemment», ajoute-t-il.
Mais le salaire brut perçu par les salariés demeurera, lui, inchangé. Ils percevront en effet toujours 70 % de leur rémunération brute (environ 84 % du salaire net), et au minimum le SMIC net, précise encore le ministère.
Bruno Le Maire : «Nous maintiendrons le chômage partiel pour tous les secteurs qui restent fermés (...) nous ne laisserons tomber personne» #LaMatinale pic.twitter.com/QM3h3Ul7S7
— CNEWS (@CNEWS) May 15, 2020
«Les salariés ne perdront rien, c'est les employeurs qui vont devoir payer un peu plus», a également promis, le même jour, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie.
Par ailleurs, les secteurs faisant l'objet de restrictions législatives ou réglementaires particulières en raison de la crise sanitaire, continueront, eux, à bénéficier d'une prise en charge à 100 %.
préserver le tissu économique dans l'attente de la reprise
Au cours des dernières semaines, avec un confinement strict et une économie à l'arrêt, ce sont de plus en plus d'entreprises qui avaient eu recours à ce dispositif.
Au plus fort de la crise, ce sont même jusqu'à «12,2 millions de salariés qui (ont été) couverts par le chômage partiel», soit «six emplois sur dix du secteur privé», avait expliqué, à la mi-mai, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail.
En appliquant ce système, le pari du gouvernement a consisté, en quelque sorte, à garder la main-d'oeuvre nationale «au chaud» le temps de la crise, en évitant aux entreprises d'en passer par des licenciements, ceci dans l'espoir de mieux rebondir lorsque la reprise économique viendra.
Un scénario appliqué avec succès en son temps en Allemagne lors de la crise financière de 2008. A l'époque, Berlin avait en effet dépensé près de 10 milliards d'euros pour maintenir des millions de salariés avec indemnités à domicile. Sur la même période, Paris avait de son côté à peine dépensé plus d'un milliard, comme l'explique Libération .
Résultat : si les Allemands avaient connu une récession plus importante (un PIB en chute libre à - 5,1 % en 2009 contre - 2,9 % dans l'Hexagone), ils avaient rebondi bien plus fort (+ 4 % en 2010 contre + 2 % en France) ceci grâce, notamment, aux emplois sauvés : 221.000 en Allemagne, contre seulement 18.000 en France.
Une «digue» que d'aucuns estiment néanmoins fragile
Douze ans plus tard, dans la crise du coronavirus, la France ne tient donc pas à répéter la même erreur et s'applique à suivre en quelque sorte la recette allemande, malgré un coût très élevé : environ 24 milliards d'euros pour les finances publiques, selon les premières estimations de Bercy, le ministère de l'Économie.
Reste que la donne a changé : le contexte n'est en effet pas du tout le même comparé à la crise financière. La France, comme nombre de pays dans le monde, va en effet connaître sa plus forte récession depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Malgré les dizaines de milliards d'euros injectés par le gouvernement pour tenter de sauver l'économie tricolore (un plan d'urgence de 110 milliards d'euros incluant le coût du chômage partiel), certaines voix s'élèvent d'ailleurs déjà pour dire que les entreprises les plus touchées par la crise ne résisteront pas au choc.
Invité de la matinale de CNEWS, Jean Rottner, ancien maire de Mulhouse, président de la région Grand Est et médecin urgentiste, l'a dit sans ambages : «le choc économique va être terrible».
«Tous les indicateurs montrent une chute de la production très forte, des trésoreries très atteintes et des répercussions sur l'emploi. Je crains que les licencements en nombre soient inévitables», juge pour sa part, Raymond Soubie, président du cabinet de conseil en ressources humaines Alixio et ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy à l'Élysée, dans les colonnes du Figaro.
Le verdict sera quoi qu'il en soit connu dans les prochaines semaines, vraisemblablement après les vacances d'été, lorsque les détails de la diminution progressive du chômage partiel des secteurs dont l'activité aura pu redémarrer seront officialisés.