Après des semaines d’éloignement, de nombreux grands-parents attendent avec impatience le déconfinement de ce 11 mai, pour retrouver leurs petits-enfants. Mais ces retrouvailles sont-elles envisageables et sans risque ?
Le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué, jeudi 7 mai, que les petits-enfants pourront aller voir leurs grands-parents, mais à condition de respecter les gestes barrière et de limiter les visites.
De nouvelles publications suggèrent que les enfants, au départ présentés comme des vecteurs importants du coronavirus, seraient finalement peu contaminés et peu contaminants.
Une étude publiée dans la revue de la société des infectiologues américains (Clinical Infectious Diseases) sur le «cluster» des Contamines-Montjoie a en effet montré qu'un enfant qui avait été en contact avec 172 personnes n'en avait contaminé aucune.
les grands-parents sont vulnérables face au virus
«Il est possible que les enfants, parce qu'ils ne présentent pas beaucoup de symptômes et qu'ils ont une charge virale faible, transmettent peu ce nouveau coronavirus», a expliqué à l'AFP Kostas Danis, épidémiologiste à Santé Publique France, et auteur principal de l’étude.
Pour autant, les conséquences du virus sur les plus jeunes demeurent une épineuse question. Et le risque zéro n’existe pas. Sans compter que les grands-parents sont des personnes vulnérables face au virus.
Comme l’a rappelé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les personnes âgées de 60 ans et plus sont plus susceptibles de développer une forme grave d’infection à SARS-CoV-2.
Selon le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, interrogé par Le Monde, revoir ses petits-enfants relève de la responsabilité des grands-parents : «C’est à eux de décider s’ils veulent prendre un risque», a-t-il déclaré.
respecter la distanciation physique et éviter les bisous
De son côté, le docteur Jimmy Mohamed, explique que «qu'il faut être vigilant», en particulier «si les grands-parents sont fragiles et atteints d’une maladie grave, comme le cancer», précise-t-il.
Pour limiter les risques de contamination au maximum, il conseille ainsi de «respecter une distanciation physique d'au moins un mètre et d'éviter les bisous».
En sachant que «si les petits enfants et les grands-parents ont été confinés correctement durant 14 jours, ils n’y a pas de risques de contamination. Ils peuvent se voir sans restriction car la période d’incubation est passée.»
En revanche, «lorsque l’on va retourner en collectivité, on ne pourra pas être certain que notre enfant n’est pas porteur asymptomatique (personne contaminée mais qui ne présente pas de signes de la maladie, ndlr)», souligne-t-il.
La règle des 100 km
Mais les grands-parents, même en bonne santé et bien confinés, qui habitent trop loin de leur famille devront encore patienter, et ce, au moins jusqu’au 2 juin. En effet, à partir du 11 mai, les Français ne pourront se déplacer que dans un périmètre de 100 km autour de leur domicile.
Les déplacements sur une distance de plus de 100 km ne seront possibles que pour un «motif familial impérieux ou professionnel», a précisé le Premier ministre à l'Assemblée nationale. Pour le Larousse, l'adjectif «impérieux» se rapporte à quelque chose «qui s'impose avec le caractère d'une obligation, qu'il faut absolument satisfaire».
Dans la catégorie des motifs familiaux impérieux figure notamment la blessure d'un proche, l’accompagnement d'une personne vulnérable ou non autonome, la garde d’enfants alertée, ou encore le décès d’un parent. Ceux qui ont la chance de vivre à moins de 100 km de leur famille pourront de leur côté se déplacer sans attestation, et sans prendre le risque de se faire verbaliser.
A l'issue du Conseil des ministres qui s'est tenu le 2 mai dernier, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a rappelé que «pour se déplacer, le virus utilise celles et ceux des Français qui se déplacent», avant d'ajouter «nous faisons confiance à ces membres d’une famille qui voudraient rejoindre leurs grands-parents à plus de 100 km et qui les exposeraient à un risque».