Le professeur Luc Montagnier, codécouvreur du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) en 1983, et Prix Nobel de médecine 2008, est mort, a-t-on appris ce jeudi 10 février. Il avait 89 ans.
Biologiste et virologue de formation, Luc Montagnier, né le 18 août 1932 à Chabris, dans l'Indre était connu notamment pour avoir été professeur émérite à l’Institut Pasteur, dans lequel il a dirigé l’unité d’oncologie virale de 1972 à 2000, mais aussi directeur émérite de recherche au Centre national de la recherche scientifique et professeur à l'université de New York.
Le professeur Luc Montagnier avait obtenu une des distinctions les plus reconnues dans le monde scientifique. Le 6 octobre 2008, il avait été co-lauréat avec Françoise Barré-Sinoussi et Harald zur Hausen du Prix Nobel de physiologie ou médecine.
C'est son rôle dans la découverte du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) qui lui avait permis de décrocher le saint graal et d'intégrer les Académies des sciences et de médecine.
Mais son idylle avec la communauté scientifique s'était étiolée dès l'année suivante. Le début de polémiques en série. En 2009, le professeur Montagnier avait ainsi affirmé qu'un système immunitaire solide suffit à empêcher un sujet de contracter le VIH, le virus responsable du Sida. Une position qui avait consterné de nombreux scientifiques à l'époque.
L'année suivante, le biologiste à contre-courant avait soutenu une autre théorie loin de faire l'unanimité. Il avait affirmé croire en la théorie de la mémoire de l'eau défendue par Jacques Benveniste à la fin des années 1980.
La théorie de la mémoire de l'eau désigne l'hypothèse selon laquelle l'eau conserverait une empreinte de certaines propriétés des substances avec lesquelles elle a été en contact. Mais cette théorie a été invalidée par plusieurs études menées dans les années suivantes.
De nombreuses années après ces premières controverses, Luc Montagnier avait à nouveau défrayé la chronique en prenant position cette fois-ci contre l'administration obligatoire des vaccins en France. Il avait accusé ces remèdes préventifs «d’empoisonner petit à petit toute la population qui va nous succéder».
Ses propos lui avaient valu, là encore, une vague de critiques de la part de la communauté scientifique. Ainsi, 106 académiciens des sciences et de médecine avaient rédigé un «ferme rappel à l’ordre» à leur confrère. «Nous, académiciens des sciences et/ou académiciens de médecine, ne pouvons accepter d’un de nos confrères qu’il utilise son prix Nobel pour diffuser, hors du champ de ses compétences, des messages dangereux pour la santé», avaient-ils fustigé.
Sa dernière sortie controversée s'était produite en avril 2020. Dans un entretien au site Pourquoi docteur ?, le professeur avait expliqué qu'il ne croyait pas que le Covid-19 provienne d'une contamination dans un marché aux animaux sauvages de Wuhan. «C'est une belle légende, ce n'est pas possible. Le virus sort d'un laboratoire de Wuhan», avait-il affirmé.
Si ses propos avaient suscité un tollé, force est de constater néanmoins qu'en août 2021, cette théorie est revenue sur le devant de la scène par l'OMS.
Un an après les propos de Luc Montagnier, Peter Embarek, chef de la délégation de scientifiques internationaux envoyés en Chine par l'OMS pour déceler l'origine du Covid-19 avait ainsi lui aussi déclaré, dans une émission à la télévision danoise, que le coronavirus pourrait bel et bien provenir d'un laboratoire de Wuhan.
Reste que cette thèse reste encore largement rejetée par la plupart des scientifiques. La théorie selon laquelle le SARS-COV-2 est issu de manipulations génétiques a été déjà démentie d'après les analyses du génome du virus communiqué par les Chinois, d'autant que les chercheurs dans le monde entier ont pu depuis isoler et analyser eux-mêmes ce virus à partir de prélèvements provenant de patients sur leur propre territoire.