Un bilan à J + 7. Depuis lundi 16 mars, près de 13 millions d'élèves français sont censés avoir cours à la maison. Mais entre les nombreux bugs informatiques et le télétravail de certains parents, le tout dans un environnement confiné, enseignement rime souvent avec agacement. La preuve en tweets.
Le sujet qui a tout de suite (pré)occupé parents, enseignants et élèves, dès le premier jour de la fermeture des classes, a été le nombre de connexions simultanées au CNED, l’opérateur officiel de l’école à distance, et aux espaces numériques de travail, les fameux «ENT».
Croulant sous des millions de demandes, la machine s'est en effet vite grippée, alors même que le gouvernement avait pourtant assuré que «tout était prêt», pour que les serveurs mis en place puissent supporter la connexion de 12,7 millions d'élèves, et celle de 700.000 enseignants.
A l'image du tweet ci-dessous, ces blocages ont ainsi parfois laissé des parents d'élèves complètement désemparés.
Moi UN coup ça marche UN coup ça ne marche pas
UN coup ça marche UN coup ça ne marche pas
UN coup ça marche UN coup ça ne marche pas
je tourne bredine surtt que mes gosses doivent coupler les devoirs de l'ENT avec le CNED, que cela ne fonctionne pas et que ns avons 1 ordi pour 3 pic.twitter.com/NzqTAKyuof— CathySeConfine (@Cathy_Siegler) March 18, 2020
De leur côté, les enseignants se sont résignés à trouver des parades, notamment en envoyant à leurs élèves directement les documents.
J'ai eu ce matin une visioconférence avec mes collègues sur l'organisation des cours en ligne. Quelques éléments.
1. Le site du CNED a planté et marchera très difficilement les prochaines jours.
2. Le plus simple, pour l'instant, est donc visiblement d'envoyer les documents— Clément (@Nosferalis) March 16, 2020
Pour pallier ces difficultés techniques (qui se sont tout de même améliorées depuis) certains enseignants ont même choisi de migrer sur le logiciel informel Discord.
Discord est un site où l’on peut discuter oralement (ou à l’écrit) avec d’autres personnes après inscription. Facile à prendre en main, il est utilisé notamment par les fans de jeux vidéos en ligne qui souhaitent échanger pendant leurs parties.
Ce qui, là aussi, a donné lieu à quelques scènes cocasses sur les réseaux sociaux.
Premier cours de SES une tuerie
Merci #Discord ptdrr pic.twitter.com/QTl4F4ECZg— Cary (@xztim_) March 16, 2020
Mais même s'ils ont souvent usé de l'humour, beaucoup d'élèves ont été quelque peu angoissés devant ces cafouillages techniques.
moi qui fait genre que tout va bien alors que l'ent marche pas, je suis en retard dans la programme et que le bac et les e3c sont dans les 3 mois qui suivent pic.twitter.com/FvMe0GzB0Q
— (@_uhgoodbye) March 16, 2020
Au-delà de ces problèmes techniques, déjà difficiles à gérer, l'épreuve du confinement s'est avérée encore plus compliquée pour les parents qui doivent en même temps télétravailler.
Mais les témoignages émanant des réseaux sociaux ont surtout montré que cela est d'autant plus vrai pour les mères, qui souvent n'ont pas d'autre choix que de tout cumuler face à des pères parfois démissionnaires.
Une femme à sa collègue sur le télétravail en compagnie de son mari & des enfants :
"Les enfants c'est pas son truc alors il ne s'en occupe pas vraiment."
Courage à toutes celles qui travaillent, gèrent les enfants & doivent supporter la présence d'un homme inutile à domicile— Mother F*cking Stories (@MotherFStories) March 16, 2020
Pour s'en sortir, d'autres mamans se sont employées à élaborer des programmes bien précis, dans l'espoir de tout concilier.
Ma journée
5h30 : debout
6h-9h : #teletravail
Réveil enfants
9h-9h30 : sport pour moi
9h30-10h : préparations repas
10h-12h : classe
12h-13h : repas + tâches ménagères
13h-14h : temps calme enfants / télétravail
14h-16h30 : classe
16h30-17h : sport en plein air pour tous— Amélie Canton⋆Kowalski (@kowalskiamelie) March 19, 2020
Mais cela nécessite une inventivité que beaucoup de parents n'ont pas. Et face à autant de difficultés rendant compliquée l'équation de tout vouloir mener de font, certains lèvent le pied.
Bon, le télétravail, ça ne va vraiment pas être simple. Globalement si j'arrive à travailler 6h par jour, je serai trèèèèès contente.
Et 6h, ça implique que les enfants soient coopératifs et travaillent leurs cours à peu près en autonomie...— Crapule (@Crapulesetcie) March 14, 2020
Et, bien sûr, pour décompresser, beaucoup de tweets désopilants n'ont pas non plus cessé de fleurir.
Télétravail confiné avec les enfants Jour 4 pic.twitter.com/5CruK7G7vg
— Mike Litoris (@ladivadeparis) March 18, 2020
Télétravail avec enfants... pic.twitter.com/PRQTCVYM96
— ShibAvocate Confinée mais mobilisée (@ShibAvocate) March 17, 2020
Une semaine marquée un système D tous azimuts, en somme, mais qui a tout de même pu être surmontée pour beaucoup grâce à Internet.
Un accès au Net qui ne concerne toutefois que 5 % des élèves, selon l’éducation nationale, laissant donc des milliers d'enfants et d'adolescents sans moyen de travailler à distance.
Et si, pour cette frange non négligeable de jeunes, le gouvernement s’est engagé à fournir l’équipement nécessaire, celui-ci a parfois tardé.
Certains élèves, heureusement, ont toutefois pu compter sur l'aide de leur établissement.
Les envois des cours pour les élèves sans internet continuent. J’espère vite en voir la fin et je croise les doigts pour que mon imprimante tienne le coup !! #ContinuitePedagogique @acrennes pic.twitter.com/t5HKX5eHCT
— Valero Karen (@ValeroKaren2) March 17, 2020