Les clients potentiels arrivaient les mains vides. Et repartaient les mains vides. Avec l'enchaînement de ces aller-retour dans l'appartement du centre-ville de Cognac qu'ils surveillaient depuis quinze jours, les enquêteurs en étaient convaincus, la livraison était imminente.
Et effectivement, le 25 février, l'homme qui descend d'une Twingo 2 immatriculée dans le département du Nord est, lui, chargé. Après son départ, sur place, les policiers du commissariat de Cognac surprennent le locataire de l'appartement en présence d'une grosse quantité de drogue, en train de tester les produits. L'homme d'une trentaine d'années n'a pas eu le temps de s'en débarrasser ou de les cacher chez une nourrice.
A côté d'une balance, de sacs à conditionner, de 10 téléphones et d'un carnet de comptabilité, les enquêteurs saisissent 4 kg d'héroïne en pains de 500 g et 404 grammes de cocaïne. Soit l'équivalent de plus de 90.000 euros de marchandise au vu du cours local. «C'est une prise record pour une ville moyenne comme Cognac. Cette intervention nous permet de fragiliser, de déstabiliser le marché local, de tarir une source, explique à CNEWS le Commandant Frédéric de Vargas, chef de la sécurité publique de Cognac. Même si nous ne nous faisons pas d'illusions, la nature a horreur du vide.»
Usager et revendeur, l'individu interpellé dans son logement vit du RSA. Toxicomane depuis des années, évoluant depuis une quinzaine d'années dans le milieu des stupéfiants, il vend pour pouvoir acheter la quantité de drogue qu'il lui faut au quotidien. «Trop confiant, il a pris des risques à vouloir vendre davantage» constate le commandant.
Les policiers saisissent peu d'argent dans cette affaire : 230 euros chez lui, et 380 euros sur le livreur arrêté un peu plus tard lors d'un contrôle routier. «C'est le principe de leur système, poursuit le Commandant De Vargas. Le livreur dépose la marchandise et revient plus tard, quand elle est écoulée, pour chercher l'argent.»
Neuf usagers de ce point de deal ont été identifiés et entendus, confirmant l'existence du trafic et les informations recueillies via la surveillance. Le livreur et le vendeur seront présentés à un magistrat d'Angoulême samedi, en vue, vraisemblablement, d'une comparution immédiate lundi.
A Cognac, ce sont environ 200 procédures de stupéfiants qui sont menées chaque année.