Piotr Pavlenski a revendiqué la diffusion des vidéos et des messages à caractère sexuel attribués à Benjamin Griveaux le candidat LREM pour les élections municipales à Paris, qui a annoncé le retrait de sa candidature ce vendredi 14 février. Le lendemain, Piotr Pavlenski a été interpellé et placé en garde à vue pour une autre affaire. Qui est l'artiste de nationalité russe à l'origine du scandale ?
Il dit vouloir dénoncer l'hypocrisie de l'ex-candidat
«[Benjamin Griveaux] est quelqu'un qui s'appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu'il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants», a justifié Piotr Pavlenski au média Libération après avoir revendiqué la divulgation de vidéos à caractère sexuel.
«Mais il fait tout le contraire. Ça ne me dérange pas que les gens aient la sexualité qu'ils veulent, ils peuvent même b*** des animaux, pas de problème, mais ils doivent être honnêtes. Mais lui il veut être le chef de la ville et il ment aux électeurs. Je vis désormais en France, je suis Parisien, c'est important pour moi», a-t-il encore expliqué.
C'est donc pour dénoncer ce qu'il considère être une hypocrisie du candidat LREM que Piotr Pavlenski a justifié son geste.
Le fondateur du site Pornopolitique
Il est à l'initiative du site Pornopolitique sur lequel ont été diffusés les vidéos et messages attribués au politique.
Sur la page de présentation, Piotr Pavlenski décrit le site, créé en 2020, comme «la première ressource pornographique avec la participation de fonctionnaires et représentants politiques».
Il a précisé avoir obtenu ces vidéos via une «source» qui entretenait une relation consentie avec Benjamin Griveaux.
Un artiste russe exilé en France
Piotr Pavlenski est une artiste de nationalité russe exilé en France. Il a obtenu l'asile politique en 2017.
Il est connu pour des performances artistiques polémiques et contestataires. Un engagement contre le pouvoir russe qu'il les ont encouragés lui et sa compagne à quitter leur pays d'origine où ils risquaient d'être emprisonnés pour une longue période.
L'automutilation pour protester contre le pouvoir russe
Pour exprimer sa contestation du pouvoir russe, le dissident était un adepte des opérations d'automutilation. Il utilisait son propre corps comme le matériau principal de ses performances artistiques.
En 2014, Piotr Pavlenski s'était coupé un lobe d'oreille avec un grand couteau de cuisine et était resté assis nu sur le mur de l’institut psychiatrique Serbskiï à Moscou avant que la police ne l'interpelle. Il avait expliqué s'être mutilé «pour protester contre le recours au traitement psychiatrique sur les dissidents politiques».
En 2013, alors que la Russie célébrait la journée annuelle de la police, Piotr Pavlenski s’était cloué les testicules sur la place Rouge de Moscou devant des touristes médusés. L’artiste de 29 ans à l'époque était ainsi resté assis quelques instants les yeux fixés au sol avant d’être interpellé par la police.
En 2012, il s'était également cousu les lèvres pour protester contre le procès des Pussy Riot, un groupe de musique punk, féministe et dissident russe.
il déclare soutenir les gilets jaunes
En 2015, il avait mis le feu au siège du FSB (ex-KGB). Après sept mois de détention préventive, il avait finalement obtenu l'asile politique en France.
Quelques mois après son arrivée dans l'Hexagone, Piotr Pavlenski avait récidivé. Il avait incendié une succursale de la Banque de France située au centre de Paris pour dénoncer «le pouvoir de la finance» et la situation géographique du bâtiment proche de la Bastille, symbole de la Révolution française.
L’artiste russe Piotr Pavlenski met le feu à la Banque de France à Paris. "Les banquiers ont pris la place des monarques". @afpfr pic.twitter.com/i1I4IsN16t
— Sarah Constantin (@sarahconstantin) October 16, 2017
Le Russe avait été jugé à Paris pour «destruction du bien d'autrui par un moyen dangereux pour les personnes». Il a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis en janvier 2019. Comme il avait déjà effectué onze mois de détention provisoire, il n'était pas repassé par la case prison.
Lors de son procès, il avait déclaré : «La seule chose que je veux, c'est déplacer la Banque de France de la place de la Bastille. Et vive les gilets jaunes !».
Mis en cause dans une affaire de violences
Piotr Pavlenski, interpellé et placé en garde à vue le 15 février, était recherché depuis janvier pour des faits de violences volontaires avec arme et dégradation en bande organisé. Une enquête sans lien avec la vidéo au coeur du scandale ayant provoqué le retrait, vendredi, de Benjamin Griveaux.
Piotr Pavlenski est mis en cause pour avoir participé à une rixe dans la soirée du 31 décembre dans un appartement du 6e arrondissement. Selon le récit d'un participant, une dispute aurait éclaté entre plusieurs personnes et l'artiste russe controversé, qui se serait saisi d'un couteau dans la cuisine. Deux des invités ont été blessés avec ce couteau, a rapporté Médiapart, qui avait révélé l'existence de cette enquête. «Une bouteille a été cassée sur le crâne» de M. Pavlenski lors ce cette rixe et il était dans un «sale état», a rapporté une autre source. L'avocat et essayiste Juan Branco, qui dit avoir «conseillé» M. Pavlenski sur les vidéos à l'origine du retrait de M. Griveaux, était également présent à cette soirée de réveillon.