Une évaluation de l'association la Ligue contre la violence routière, publiée ce dimanche dans le JDD, montre que seuls 28 départements souhaitent le retour aux 90 km/h sur les routes secondaires.
En France métropolitaine, 38 départements ont annoncé conserver la limitation à 80 km/h sur les routes secondaires bidirectionnelles sans terre-plein central, et 27 ne se sont toujours pas prononcés. Les départements les plus réfractaires aux 80 km/h se situent au centre, centre-ouest et à l'est, notamment la Creuse, la Corrèze, le Cantal, le Loiret, le Cher, l’Indre, l’Indre-et-Loire, la Moselle, la Meuse, la Haute-Marne, et Haut-Rhin et le Bas-Rhin.
«Ce n’est pas la déferlante annoncée», se réjouit Chantal Perrichon, présidente de l’association. Cette mesure avait pourtant suscité de nombreuses oppositions lors de sa mise en place en 2018, et avait été un des facteurs déclencheurs de la mobilisation des gilets jaunes. La Ligue contre la violence routière avait soutenu le gouvernement pour l’abaissement de la vitesse. Les routes bi-directionnelles limitées à 90km/h concentraient alors 89% de la mortalité des routes hors agglomération, soit 56% des tués en 2017, selon l'association.
Le gouvernement a cependant décidé de faire marche arrière, en permettant aux conseils départementaux de déroger localement à la limitation à 80 km/h. Une circulaire envoyée aux préfets le 15 janvier dernier liste les conditions à respecter pour obtenir cette dérogation.
Les départements doivent d’abord solliciter un avis consultatif de la Commission départementale de sécurité routière (CDSR), présidée par le préfet. Les tronçons de route concernés doivent faire «au moins dix kilomètres». La circulaire demande aussi aux préfets de donner «un avis systématiquement défavorable» sur les tronçons qui comportent des arrêts de transports en commun, des traversées de chemins de grande randonnée, et où la circulation des engins agricoles est importante.
Déçue par cette nouvelle disposition, la Ligue contre la violence routière a publié une lettre à l’attention des conseillers départementaux, les invitant à respecter la vitesse de 80 km/h : «Nous nous opposons aux dérogations à la hausse sur les vitesses maximales autorisées, dont il ne fait aucun doute qu’elles entretiendront la confusion chez les usagers et in fine auront une forte incidence négative sur l’accidentalité».
En 2018, le chiffre de la mortalité routière a atteint son plus bas niveau jamais enregistré. Selon le gouvernement, 127 vies ont été épargnées cette année-là grâce à la baisse à 80 km/h sur le réseau secondaire.