Le procès de cinq «gilets jaunes» soupçonnés d'avoir forcé le 5 janvier avec un chariot élévateur l'entrée du ministère de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, ou d'avoir participé à la scène, a été renvoyé vendredi au 12 mars.
Les quatre prévenus, qui se sont connus «par hasard» ce samedi de janvier, devaient être jugés pour plusieurs dégradations et pour le vol du chariot élévateur qui avait servi à enfoncer les portes en bois du ministère, rue de Grenelle à Paris, lors de l'acte 8 des «gilets jaunes».
Un cinquième homme, Kevin L., 29 ans, devait aussi être jugé vendredi, pour les mêmes faits. Du fait de la similarité des deux dossiers, le tribunal a ordonné vendredi leur jonction, notamment due à «un élément qui se rattache entre les deux dossiers»: un échange de paroles entre Kevin L. et Sylvie B, concernant l'un des faits reprochés.
Cette jonction induit logiquement le renvoi du dossier, a expliqué le président, devant une dizaine de proches des prévenus.
«Je suis le 3e président d'audience à passer des heures sur ce dossier, c'est une situation qui ne satisfait personne et que je déplore», a ajouté Thomas Jouck, qui a reconnu «la violence» et la «pression» de comparaitre pour les prévenus, jamais condamnés auparavant.
Le 5 janvier, des manifestants avaient enfoncé les portes en bois du ministère du secrétaire d'État auprès du Premier ministre, juchés sur un "transpalettes" de chantier.
Les avocats de la défense, qui ne voulaient pas de la jonction, ont expliqué n'avoir pas «eu accès à la procédure de Kevin L.» et notamment à une vidéo, sur laquelle repose la procédure. Ils ont aussi déploré une situation devenue «intenable», voire «insoutenable» pour leurs clients.
Raphaël Kempf, l'avocat du cinquième prévenu a sollicité, lui, le report du dossier, n'ayant pas eu accès à la totalité du dossier "de mille pages" des quatre prévenus historiques.
Un premier procès pour les quatre gilets jaunes jugés ensemble avait été renvoyé deux fois, avant d'être annulé le 29 mai par le tribunal correctionnel de Paris, suite à un défaut de procédure.
A l'issue de l'audience de vendredi, l'avocat d'un prévenu, Me Bérenger Tourné, a estimé que ce procès était "une affaire de célérité": "On veut faire vite pour répondre à la pression médiatique, et on voit où cela mène", s'est énervé le conseil.
"Le problème ce n'est pas le tribunal mais c'est le parquet qui fait n'importe, il se précipite, il y a des vides et des lacunes", a aussi lancé Me Martin Méchin.