C'est ce qui s'appelle une initiative concrète. En Finlande, plusieurs compagnies d'électricité se sont tournées vers les excréments d'animaux, source d'énergie jusque-là inexploitée, pour réduire l'empreinte carbone du pays.
En cette fin octobre, la capitale finlandaise accueille le Helsinki International Horse Show, un concours hippique international de saut d'obstacles. Durant les quatre jours de compétition, cent tonnes de fumier de chevaux ont été chargées et transportées dans deux grands conteneurs, avant d'être incinérées dans une centrale électrique.
Résultat, les 150 mégawatts d'énergie produits par lesdites déjections suffisent largement à alimenter l'ensemble du concours, selon le producteur finlandais Fortum, qui a lancé son projet baptisé «Horse Power» («Puissance des chevaux») il y a cinq ans.
0,2 litre d'excréments pour charger un téléphone
«Il y a tellement de chevaux en Finlande et bien sûr, bien plus dans le monde, alors ce serait incroyable si nous pouvions transformer toutes ces crottes en énergie», explique Krista Hellgren, l'une des responsables du projet. Le groupe affirme que les déjections quotidiennes de deux chevaux suffisent à produire de la chaleur pour une maison familiale pendant un an. Et seulement 200 millilitres d'excréments suffisent pour charger un téléphone.
Dans le même temps, un autre producteur d'énergie, Vantaan Energia, a lancé une campagne en ligne pour inciter les propriétaires de chiens à «donner une nouvelle vie au caca», en le jetant simplement à la poubelle ordinaire, suivant les déchets quotidiens vers une usine d'incinération de déchets transformés en énergie. Grâce à ce système, l'entreprise espère, à terme, pouvoir se passer de charbon d'ici un peu plus de deux ans.
Quid des selles humaines
Le principe de recycler les déjections animales est-il transposable pour les déchets corporels des hommes ? C'est du moins envisageable, car les biogaz (comme le méthane) provenant des excréments humains représentent une source potentielle importante d'énergie. Avec une valeur jusqu'à 9,5 milliards de dollars en équivalent en gaz naturel, ils pourraient produire de l'électricité pour 138 millions de foyers, selon un rapport d'un institut de recherche de l'ONU.
Et ce, tout en améliorant l'hygiène dans les pays en développement, alors que, comme le rappelle le site Quoi dans mon assiette, plus de 2,4 milliards de personnes ne disposent toujours pas de toilettes ou de latrines. Avant de vouloir recycler les déchets en plastique (ce qui, bien pratique, permet d'écarter la question de sa surconsommation), si on se chargeait d'abord de recycler les nôtres?