Sophie Masala avait tué sa collègue de bureau en 2016 à Toulouse, avant de la découper en morceaux : la cour d'assises l'a condamnée vendredi à 27 ans de réclusion criminelle. A l'énoncé du verdict, le visage fermé, elle n'a montré aucune émotion.
Son fils assis au premier rang, a, lui, éclaté en sanglots. «Cette peine nous semble adaptée à la gravité des faits. La cour d'assises a retenu la réalité de la parfaite vulnérabilité de Maryline Planche», a réagi l'un des avocats de la famille de la victime, Laurent Boguet. Pour l'avocat de Sophie Masala, Me Pierre Dunac, «c'est une décision d'apaisement qui semble la satisfaire». «Elle avait durement encaissé» pendant le réquisitoire du parquet, a-t-il ajouté, sans pour autant exclure un appel.
L'avocat général David Sénat avait requis la réclusion criminelle à perpétuité, estimant que l'homicide était aggravé par la vulnérabilité de la victime de 52 ans, «une femme digne, fragile, dans un état de quasi cécité d'un oeil et avec une grave difficulté auditive». C'était un «meurtre aggravé par la cruauté», «un meurtre de sang-froid: tuer, dépecer, désosser, noyer», avait-il déclaré quelques heures plus tôt devant la cour d'assises de la Haute-Garonne.
«Phobie sociale, timidité maladive, qui la maintenait dans un équilibre de dépression ou de sub-dépression, et au moment des faits, Maryline Planche est en arrêt maladie car elle vient de subir une opération chirurgicale», avait insisté David Sénat. Au cours du procès, l'accusation a décrit Sophie Masala comme un «esprit dérangé», animée par «une jalousie morbide et enfin mortelle».
«Aucune barrière morale»
Elle est dans une «transgression permanente, sans aucune barrière morale», et elle est coupable d'une «atteinte à la dignité, y compris après la mort», envers une «victime innocente qu'elle a poursuivie sans relâche», avait asséné l'avocat général. Pour Me Axelle Chorier, l'une des avocates de Sophie Masala, les traumatismes pendant l'enfance, l'absence d'amour de la part de sa mère, le suicide de son père alors qu'elle a 10 ans, les agressions sexuelles du grand-père, les amants de sa mère qui défilent dans l'appartement, sont à l'origine de profonds déséquilibres. «Un anéantissement de son identité, que peut-on faire quand on a fondamentalement envie de fuir?» «Elle est coupable, pourquoi exagérer la peine. Je vous demande une peine juste. Vous n'êtes pas là pour réprimander, mais pour sanctionner», avait-elle plaidé.
Les avocats de la défense ont argué que Sophie Masala est responsable de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. «Elle reconnait sa culpabilité. Elle progresse de jour en jour, pas à pas. Elle commence à se regarder un peu en face. (...) Elle ne demande pas la moindre clémence. J'ai envie de la réclamer pour elle. Elle mérite un petit coin de ciel bleu», avait lancé aux jurés Me Dunac, demandant une «peine juste et utile». Jeudi lors de son interrogatoire, la meurtrière avait dit se sentir «comme un monstre». Avant que les trois magistrats et les jurés se retirent pour délibérer pendant près de quatre heures, Sophie Masala a eu l'occasion de s'exprimer une dernière fois. «Je regrette ce que j'ai fait, je ne voulais pas ôter la vie de Maryline», a-t-elle dit en regardant les frères et la soeur de la victime, assis au premier rang de la salle d'audience.
Sophie Masala était jugée pour avoir tué sa collègue, le 12 mai 2016 dans le centre de Toulouse, avant de la découper en morceaux cinq jours plus tard et de jeter ses membres dans le Canal du Midi. La tête avait été enterrée dans un jardin près de son appartement.