Une histoire sordide. Une patiente d'un centre psychiatrique à Nieuil-l'Espoir (Vienne) a été retrouvée morte dans son lit la semaine dernière par une aide-soignante. Selon l'autopsie, elle aurait été tuée par étouffement. Une enquête pour homicide volontaire a été ouverte.
Le décès de cette mère de famille de 29 ans a été provoqué par une «asphyxie mécanique provoquée par autrui», a expliqué le procureur de la République de Poitiers, Michel Garrandaux. C'est l'autopsie qui a en effet «révélé que la mort de la patiente ne relevait pas d'une cause naturelle ni d’un suicide».
Le centre hospitalier Henri-Laborit «accueille des patients qui sont en cours de réinsertion, ils sont stabilisés, c’est une voie vers la sortie. Ce ne sont pas ces patients qui posent le plus de problèmes a priori mais on reste en milieu psy. Le site est fermé la nuit, donc c’est soit un membre du personnel soit un patient», ont indiqué des sources syndicales à La Nouvelle République.
Les syndicats ont également dénoncé le manque de moyens de leur établissement. Le soir de la mort de la jeune femme, seules deux personnes étaient présentes, pour 38 patients : un aide-soignant et un infirmier. «Pour l'un des deux c'était son premier poste et son premier service alors que l'on demande absolument que les personnes qui vont travailler de nuit fassent d’abord six mois de jour pour bien connaître les patients», ont déploré des sources syndicales.
Les personnels et patients auditionnés
Des conditions de travail difficiles que l'on retrouve dans beaucoup de centres psychiatriques. Le 18 septembre dernier, un rapport parlementaire avait jugé la filière psychiatrique publique «au bord de l’implosion», et décrit la prise en charge des patients comme «catastrophique», à cause d'une organisation «inefficiente» et «inefficace». Pour dénoncer le manque d'effectifs et les conditions d'accueil des patients, l'hôpital psychiatrique du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), a d'ailleurs entamé une grève illimitée le 19 septembre dernier, après une première mobilisation entre mars et juin 2018.
A Nieuil-l'Espoir, l'enquête a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie, qui a commencé à interroger personnels et patients dès le lendemain du décès, soit vendredi 4 octobre. Ces auditions étaient toujours en cours ce lundi. Un comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail était prévu ce mardi au centre hospitalier pour «conduire la concertation sur les mesures de protection et d'accompagnement à poursuivre auprès des agents et des patients de l'unité».