Près de six semaines après le lancement du grand débat national, il est désormais trop tard pour faire entendre ses revendications via les cahiers de doléances mis à disposition dans les mairies, retirés le 20 février en vue d'être collectés, analysés et traités partout en France. Que va devenir cette masse de propositions ?
«Tout ce qui se dit dans les réunions publiques, les débats citoyens et les cahiers de doléances sera analysé et pris en compte», a récemment martelé Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat à la Transition écologique et co-rapporteuse du grand débat.
Près de 6.500 réunions, dont la moitié a déjà eu lieu, ont été programmées dans toute la France, et 210.000 personnes ont déposé un total de 900.000 contributions en ligne, selon les chiffres du collège des «garants». La fiscalité, les dépenses publiques et le pouvoir d'achat concentrent un tiers des propositions formulées sur le site officiel (34 %), devant la transition écologique (25 %), l'organisation de l'État et des services publics (21%) et les questions de «démocratie et citoyenneté» (19 %).
«Certes il y a un défi, la masse de données est impressionnante, mais il y a un savoir-faire pour les traiter», estime Pascal Perrineau, membre du collège des «garants». L'institut OpinionWay analysera les contributions en ligne et devra faire émerger les «15 ou 18 thèmes que les Français ont en tête» ainsi que les pistes qu'ils ont ébauchées, précise le politologue.
Quelque 500.000 pages de doléances
Le gouvernement a précisé les modalités de restitution des débats. Des conférences nationales sur chacun des quatre thèmes retenus – avec les organisations syndicales, patronales, des élus... – vont être organisées dans la première quinzaine de mars. Les réunions elles-mêmes se poursuivront jusqu'à mi-mars, et 18 «conférences citoyennes régionales» se tiendront ensuite en métropole et outre-mer avec la participation de 100 citoyens par région, tirés au sort, pour une durée de 24 heures.
Concernant les cahiers de doléances, remis aux préfets la semaine dernière, leurs contenus seront numérisés par la Bibliothèque nationale de France. Il y a environ 500.000 pages de cahiers, de conpte-rendus, de débats, qui seront transmises à des prestataires choisis par le gouvernement. Qui sont trois : le cabinet de conseil Roland Berger et les sociétés Bluenove et Cognito, spécialisées dans le traitement des données de masse.
Ils remettront ensuite une synthèse des contributions au président et au gouvernement. Ce sera ensuite à eux de tendre la main aux Français. Si bien que les retombées du grand débat national ne devraient donc pas être connues avant mi-avril.