Le président s’adresse jeudi à une génération qui boude le grand débat, mais aux nombreuses attentes.
Emmanuel Macron, accompagné de pas moins de cinq ministres, se rend en Bourgogne ce jeudi pour inciter les jeunes à participer au grand débat national, jusqu’ici boudé par cette génération. Une session de discussion avec 1 000 étudiants est notamment prévue dans la petite ville d’Etang-sur-Arroux (Saône-et-Loire). Le président, qui enchaîne les déplacements depuis mi-janvier, va donc faire face à une population qui ne lui est pas acquise et qui a, jusqu’à présent, été la principale absente des concertations.
Un lien brisé ?
Depuis le début de son mandat, c’est avant tout par la forme qu’Emmanuel Macron s’est coupé d’une partie de la jeunesse. Et notamment avec des phrases maladroites, comme lorsque le 18 septembre dernier, il avait suggéré à un jeune horticulteur de «traverser la rue» pour trouver du travail. Ces déclarations, couplées à des mesures qui ont fait polémique, comme la réduction des aides au logement, la mise en place de Parcoursup ou la réforme de l’université, lui valent un certain désamour.
Dans ce contexte s’ajoute un désintérêt des jeunes pour le grand débat national. Seuls 31 % des 18-24 ans ont affirmé vouloir y participer, soit dix points de moins que le reste des Français, d’après un récent sondage Elabe. Un chiffre qui s’explique notamment par le choix des thèmes. «La justice fiscale ou la réforme de l’Etat ne leur parlent pas. Un thème comme l’engagement au quotidien pour réduire les inégalités aurait peut-être été plus suivi», explique Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. Car si les jeunes s’engagent moins en politique, ils le font autrement.
une série de mesures à défendre
Ainsi, 44 % des élèves de terminale indiquaient s’être déjà investis pour des organisations humanitaires ou environnementales dans une enquête du Conseil national d’évaluation du système scolaire. De plus, certains demandent des mesures concrètes sur une plateforme destinée au 15-25 ans créée par un adolescent de 17 ans, proposant un débat des jeunes. L’on peut par exemple y lire des propositions pour former les jeunes aux premiers secours, mieux aider ceux qui travaillent pour financer leurs études ou encore faire plus en matière de laïcité en interdisant les signes religieux dans les espaces public. L’exécutif devrait aujourd’hui avant tout défendre une série de mesures déjà enclenchées, comme le service national universel (SNU) ou le pass culture, tous deux en phase d’expérimentation.
Des visites en terrains minés
Cette démarche s’inscrit dans une quête plus vaste pour intéresser les franges du pays moins enclines à participer au grand débat national. Après avoir visité certaines terres rurales d’Occitanie il y a quinze jours, Emmanuel Macron était par exemple à Evry-Courcouronnes en début de semaine pour rencontrer les maires de banlieue, vexés par la non-application du rapport Borloo sur les quartiers prioritaires en 2018.
«Il rencontre les catégories de personnes avec lesquels les tensions sont les plus aiguës», confirme Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. Mais cela n’est pas uniquement symbolique. Il a par exemple promis un «grand plan pour les petites associations» lundi, en s’excusant d’avoir supprimé les contrats aidés, «une mesure qui a fait souffrir» a-t-il admis. Reste à savoir si cela sera suffisant.